Le weblog de Philippe Heymann

AVENUE MONTAIGNE, CHANEL ET DIOR SONT PLUS QUE MAL ELEVÉS !

Les "commerçants" de l'avenue Montaigne, à l'initiative de leur Comité Montaigne, fêtaient hier soir les Vendanges. Une sacrée collection de belles marques : de Bulgari à Versace en passant par Caron, Cartier, Chaumet et tous les autres !

Inutile de dire que ceux qui avaient  reçu un carton  (pas vraiment des SDF  en l'occurance ... !) se pressaient malgré la pluie intermittente. Et chaque boutique recevait de façon plutôt sympathique.

Et pourtant, et pourtant ... pour entrer chez Chanel ou chez Dior, il ne suffisait pas d'avoir le carton d'invitation "standard",,il fallait, en plus, qu'il indique Chanel ou Dior. Et ceux qui n'avaient pas cela étaient énergiquement refoulés vers la pluie ... alors même que, à l'intérieur, les salons ne débordaient guère de monde !

Voilà, de la part de  ces deux belles, marques, une curieuse façon de faire de l'événementiel haut de gamme, de montrer leur solidarité avec leurs voisins et de recevoir des invités ... pas nécessairement sans le sou ! Vive la communication événementielle chaleureuse et amicale ...

LE MONDE SONGE A SORTIR LE MATIN !

Les dirigeants et les collaborateurs du Monde s'interrogent (une fois de plus !) sur l'éventuelle sortie le matin de leur quotidien. Il se trouve que c'est un problème que je connais un peu ( même si cela commence à dater !) car, en 1977, quand , avec Joseph Fontanet, nous avons créé J'informe (qui n'a duré que trois mois !), la question s'est fortement posée : quotidien du matin ou du soir ?

Clairement, notre préférence était pour un journal du matin pour plusieurs raisons qui continuent à être bonnes  :

- en sortant le matin, on a, à Paris, une durée de vente de toute la journée contre seulement l'après-midi ; et, en province où le Monde arrive surtout le matin, on est perçu comme un journal du jour et non un journal de la veille !

- un journal du matin est nettement moins coûteux à faire : il se "fabrique", pour l'essentiel, entre 15 heures et 23 heures et permet de n'avoir des équipes de nuit que très légères ; à l'inverse, le journal du soir se fait pour partie la veille au soir et le reste de 6h à 11h du matin et il faut être en éveil toute la nuit... Donc, des équipes nettement plus nombreuses !

Il reste que le quotidien du  soir a quelques avantages en termes de contenus : il peut rendre compte des événements internationaux qui sont décalés en horaires ;  et sur les événements français survenant en fin de journée, il permet une analyse plus sereine car ses chroniqueurs ont la soirée et , éventuellement, la nuit pour les "décanter". Mais ces différences ne sont sensibles que si, sur le marché, on peut comparer : dès lors que tous les grands quotidiens seraient du matin, la différence s'efface ... à condition d'être le meilleur !

A l'époque, nos "investisseurs" nous ont finalement obligé à sortir le soir car ils étaient surtout omnubilés par Le Monde tel qu'il était à l'époque ( très dogmatique et étatiste !) alors que nous pensions que notre premier créneau était plutôt celui de la part modérée des lecteurs du Figaro d'Hersant ... !

 

AVEC LUC BESSON ET RENAULT, L'ADVERTAINMENT VA MODIFIER PROFONDEMENT LA STRUCTURE DU MARCHE DE LA PUB !

Renault, l'un des plus gros annonceurs français, vient de signer un contrat de trois ans avec  Europa Corp, la société de Luc Besson (rejoint par Christophe Lambert) pour produire des films autour du thème de la voiture électrique. Et, dans Stratégies, Alain Delcayre remarque que "l'advertainment, tout le monde y vient"  depuis les premiers soap opéras de Procter ou Lever !

Le phénomène a toute chance de s'élargir. Mais ce qui me frappe, c'est que ce nouveau business va ou bien directement  vers des sociétés de production ou des réalisateurs de cinéma (type Besson) ou bien vers les filiales "entertainment" ou "advertainment" créées par les grandes centrales d'achat d'espace (type Havas Enternainment chez Havas Media). Et ... non plus vers les agences de publicité "classiques" ! Il est vrai que, chez nous, on peut  déjà être tout à la fois  y compris agence de pub, acheteur d'espaces, régisseur de pub et actionnaire de media, donc, pourquoi pas aussi producteur de programmes !

Mais je ne peux m'empêcher de penser que cela va nécessairement entraîner des "mouvements" dans le business de la pub ! D'ailleurs, c'est bien pour cela que Christophe Lambert avait rejoint Luc Besson : même si certains n'apprécient guère le personnage, on ne peut lui  dénier ni un manque d'intuition publicitaire ni ...un manque  d'intuition à l'égard des gros budgets !

VERS UNE DISPARITION DES SITES INTERNET ?

C'est la question que pose Alex Kummerman, président de Clicmobile, dans une libre opinion du dernier numéro de Stratégies (n° 1608 du 4/11/2010). En l'occurence, il rebondit sur un point de vue récent de Steve Jobs, le patron d'Apple. Le propos : avec la possibilité d'installer directement des "applications" soit sur le mobile, soit sur le bureau des ordinateurs, celles-ci (il y en aurait aujourd'hui 300 000 de disponibles contre 100 000 il y a encore un an) ,  vont rapidement remplacer les sites internet, ceux-ci devenant dès lors  vieillots et caduques !

Il est vrai que toutes les grandes marques se sont précipitées pour mettre en place leur(s) application(s) sur mobile. Et évidemment, Alex Kummerman plaide pour ce qui est son métier et sa spécialité. Je ne suis pas pour autant convaincu : oui, les dites applications sont un bond en avant formidable ; mais, à mon sens, elles ne répondent pas du tout au même besoin que les sites internet.

Nul doute que ces applications (ou, au moins, certaines d'entre elles) seront plus utilisées ou consultées que la plupart des sites internet mais... de là à dire que les sites internet vont disparaître !

 

AVEC HERMES, ARNAULT EN FICHE UN SALE COUP A LA COMMUNICATION FINANCIERE !

Certes, on peut admirer le sens des affaires et l'esprit de manoeuvre déployé par M. Arnault dans sa prise de participation de 17,5% du capital d'Hermés... Certes, il n'a probablement  dérogé à aucune loi ! Mais, c'est évident, il en a totalement détourné l'esprit ... Quiconque voudra, demain, racheter plus de 5% du capital d'une société cotée sans rien dire à personne  n'aura qu'à faire de même, y compris des groupes étrangers s'ils veulent s'emparer d'une société française...Imaginons une seconde le tollé que déclencherait Nestlé s'il procédait de même avec L'Oréal !

La communication financière - et, au-delà , la crédibilité de l'information boursière -  n'avait vraiment pas besoin de cela ! Déjà, depuis deux ans, la façon dont les entreprises ont communiqué sur leurs résultats en masquant les pertes ou baisses de profits était déjà  très discutable . Et en voir certaines, aujourd'hui, clamer les bonds en avant spectaculaires de leurs résultats sans expliquer de quel point bas ils partaient  est plus que discutable aussi...

Et lorsque le groupe Arnault publie maintenant un communiqué pour dire qu'il n'a aucune intention de ..., qui peut vraiment le croire ?

Je crois fortement en l'utilité de la Bourse. Mais c'est aussi par des pratiques de ce genre que l'on donne, de plus en plus, des arguments forts à ses adversaires ! Heureusement, nous avons une Autorité de régulation  ( l'AMF qui a un Président de grande qualité) qui, nécessairement, va faire quelque chose et empêcher que de telles pratiques puissent se renouveler !

POWERPOINT EST-IL ANTI - COMMUNICANT... ?

Le Monde Magazine de samedi dernier consacre une interview à un certain Franck Frommer (que je ne connais pas) qui vient de publier un livre à La Découverte sous le titre : " La Pensée Power-Point. Enquête sur ce logiciel qui rend stupide"...

Je suis, comme beaucoup d'autres dans notre métier, un gros utilisateur de Power-Point et toutes les agences l'utilisent abondamment pour leurs présentations d'agences ou d'appels d'offres. Et, en com. interne notamment , c'est un outil incontournable...

Mais les propos de Frank Frommer méritent que l'on s'y arrête même s'ils sont parfois excessifs....J'en reproduis quelques extraits : "le formatage par le bas de la pensée..." ; "les listes de points forts ... étouffent la discussion, la prise de décision raisonnée" ; " ces slides projetées en gros qui s'imposent d'elles-mêmes, interdisant toute discussion sur la véracité des informations qu'elles présentent" etc

Il y a manifestement une part de vérité de ce que dit Frank Frommer : les "bullet points" mettent tout sur le même niveau et "empêchent les liens de causalités" ; et, quand quelqu'un démarre un ppt, il est rare qu'on l'interrompe ; résultat : "ces présentations anéantissent les capacités de réaction du public".

Si c'est ce que l'on recherche, alors pas de problème ! Si non ....

Loin de moi l'idée de ne plus se servir de ce remarquable outil ; mais.... à  nous de réfléchir sur la façon de s'en servir pour qu' une "présentation" ne devienne pas un monologue empêchant tout dialogue. Du boulot en perspective !

VOGUE, POUR SES 90 ANS, DONNE UNE BIEN CURIEUSE IMAGE DE LA FEMME !

Le magazine Vogue, la bible de la mode féminine, vient de fêter ses 90 ans. A cette occasion , son numéro des 90 ans a un volume exceptionnel mais aussi un contenu de grande qualité (y compris la pub !).

Mais ils y ajoutent un Supplément (un de plus) sur le thème de "90 ans d'audace", c'est à dire "jusqu'où ne pas aller ...Certes, ce sont des photos de grands photographes et dignes d'une expo photo de haut niveau. Mais , au risque de me faire taxer de vieux jeu ou de  pudiponderie, - mais j'ai quand-même fait réagir plusieurs femmes et elles partagent mon sentiment -  le résultat est  un "collector" de "transgression" dans lequel on ne sent à aucun moment un regard d'amour envers la femme... A croire que c'est un numéro spécial fait par ou pour ceux qui n'   aiment pas les femmes.

Et que ne dirait-on pas si la pub donnait une telle image de la femme !

Pour une fois, pas digne de Vogue !

ROBERT NAMIAS, PUBLICIS ET LES CONFLITS D'INTERÊTS....

Le journaliste  bien connu Robert Namias était devenu Vice-Président de Publicis Consultants ; il vient d'en démissionner car il a retrouvé des chroniques sur I-Télé et sur Europe I et  ses dirigeants considèrent que ceci serait "incompatible avec ses fonctions au sein de l'agence"... Bravo car tout le monde n'a pas toujours  ce genre de scrupule...

Question :  son ex-actionnaire, le groupe Publicis que préside Maurice Levy, en l'occurence son "dirigeant",  qui est simultanément agence de publicité, agence d'achat d'espace, régie publicitaire de media (Le Monde notamment) et ... actionnaire de media va-t-il prochainement  faire de même   ? Il est vrai que c'est un phénomène très français car son  ami Bolloré notamment  en fait autant...

AIRBUS S'INTERESSE A SES SALARIES : UNE BELLE INITIATIVE.

Les dirigeants d'Airbus ont décidé de lancer , auprès de leurs 50 000 salariés, une enquête sur leur perception du travail et du management dans l'entreprise.

Ceci venant après les nombreuses difficultés internes et techniques de l'entreprise, on ne peut que se réjouir de cette initiative. D'autant que le constat de départ est suffisamment rare par les temps qui courent pour qu'on le remarque : en substance,  la réussite et le redressement  de l'entreprise ne passent pas seulement par les performances financières et celles-ci ne seront durables que si le climat interne va de pair ; et, pour cela, il importe que les managers parlent plus avec leurs équipes et les écoutent.

Ce projet mérite d'être suivi avec attention car toutes les enquêtes montrent une profonde dégradation du climat dans les entreprises françaises ; et cela s'est accentué au cours des dix dernières années. Il sera intéressant de voir aussi , chez Airbus, si l'on constate des différences notables entre les personnels en Allemagne et ceux en France. Car beaucoup semblent penser que cette dégradation est infiniment plus forte en France qu'ailleurs...

A suuivre donc attentivement !

LAURENT HABIB INSTALLE "LA COMMUNICATION TRANSFORMATIVE"

Laurent Habib, le patron de Euro RSC C&O, publie ces jours prochains aux Presses Universitaires de France "La communication transformative, pour en finir avec les idées vaines". Il est incontestablement l'un des mieux placés pour réfléchir sur l'évolution de la communication. Qu'il en profite pour  se monter une belle opération d'image et de RP pour lui d'abord et pour son agence fait évidemment partie du jeu... surtout dans un groupe où les ego , les vedettes et les ambitions  ne manquent pas au milieu des Séguela (...), Fouks , Mercédés Erra et quelques autres ! Qu'il lui faille absolument , lui aussi, inventer un nouveau mot venant supplanter la "disruption" d'un Jean-Marie Dru fait également partie du jeu !

Je n'ai, pour l'instant, lu que des extraits ou commentaires de son livre. Mais, sur le fond, son approche mérite attention et notamment sa critique du modèle  dominant des "idées vaines". Et quand il considère (cf Stratégies du 23/09) que la prise en compte de l'ensemble des parties prenantes, la conduite du changement, la fin des oppositions  entre marque commerciale et marque d'entreprise sont nécessaires pour envisager une marque totale, agrégateur de la valeur immatérielle de l'entreprise, les tenants (dont je suis)  de la "communication corporate" et de la "communication de changement"  depuis un bon vingt ans ne peuvent que se réjouir. Et il est symptomatique que cette approche garde un air de neuf.... !

Il est vrai, et il a raison, que, sous couvert de "communication corporate", bien des entreprises et des institutions ont brandi plein d'"idées vaines" au lieu de se montrer telles qu'elles sont ou de chercher à évoluer en profondeur  ! Et l'opinion - en corporate comme en politique ! -  s'en rend bien compte lorsque l'on cherche a s'habiller de cotillons qui ne vous vont pas !

En l'occurence, ce n'est pas la com. corporate qui est en cause mais la façon dont beaucoup l'ont utilisée ! Il est heureux qu'un livre entier puisse aujourd'hui développer cette idée car elle n'a jusqu'à présent pas donné lieu à beaucoup d'écrits même si Dru, dans son livre d' il y a quelques années, tournait autour mais en gardant une approche très publicitaire . Il y avait eu aussi, il y a une dizaine d'années, un remarquable travail de Bernard Emsellem lorsqu'il était président de BBDP Corporate.

Souhaitons donc un vrai et grand succès à Laurent Habib et à son livre !