Le weblog de Philippe Heymann

QUE VONT DONC DEVENIR LES SALARIES....???

Les sondages "officiels" nous disent que quelques 70% des salariés sont "heureux au travail"... Espérons qu'ils sont correctement faits ! Car, quand je rencontre ou je parle avec certains, je suis plus qu'inquiet, pour ne pas dire horrifié...

J'entends surtout des gens qui se plaignent de l'omni présence des conflits internes, de "chefs" qui surchargent leurs collaborateurs ou ne savent pas les écouter et les entendre, de stress, de burn-outs etc etc...

Il est vrai que ceux que j'entends sont surtout des jeunes et que leur "découverte" du monde de l'entreprise est un véritable choc, surtout ceux qui entrent dans des entreprises ou groupes de grande taille. A croire que les autres se sont "résignés"... Mais ce sont eux qui seront aux commandes dans une dizaine d'années si... ils n'ont pas fui le monde de l'entreprise !

Il est vrai aussi que l'univers parisien ( ou des sièges des sociétés) est plus stressant que le reste de la France. Mais les choses ne vont pas forcément s'arranger : la vogue des "bureaux partagés" va dépersonnaliser encore plus le lieu de travail ; le télé-travail et le "nomadisme" professionnel, qui ont par ailleurs beaucoup d'avantages, vont distendre le lien d'appartenance à l'entreprise,  etc etc.

Heureusement, il se passe aussi certaines choses positives même si cela reste timide : le travail collaboratif, le management "engageant" , les grands groupes qui accueillent des tsarts-up en leur sein, etc . Et les start-ups et les entreprises artisanales, où le climat interne est nettement plus positif grâce à leur taille plus réduite, sont là...

J'ai aussi le sentiment que ce phénomène est particulièrement prononcé en France... La raison ? Nos fameuses "élites" ? La financiarisation des entreprises (mais elle est identique ailleurs !) ? Notre société "bloquée" ?

Il serait temps que l'on se penche sérieusement sur tout cela... Qui, quand et Où...?, cela reste un problème. Ce type de sujet n'est guère abordé ( pour ne pas dire absent !) par les candidats aux présidentielles : cela me parait nettement plus urgent que la "robotisation" même si elle en fait partie :  pour beaucoup de Français, cela représente  aujourd'hui une bonne moitié de leur temps "éveillé"...

TOUJOURS LE GRAND CHAMBARDEMENT DANS LES AGENCES !!!

Le groupe TBWA en France vient d'annoncer qu'il regroupe toutes ses filiales ( TBWA Publicité, TWA Corporate, TBWA Santé etc) dans une même structure avec un seul compte d'exploitation....

Bien sûr, les temps sont durs pour tous y compris les grandes agences. Déjà, même si les noms subsistent ( combien de temps ???) et si les ex-présidents de chaque société deviennent VP de la  société commune, il y a certainement, à la clef, des économies sur toutes les fonctions "transversales" ( compta, finance, DRH etc etc).

Mais la logique est manifestement plus profonde car plusieurs "disruptions" sont venues, ces 5 à 10 dernières années, bousculer le modèle des années 1990/début 2000 . Parmi les plus importantes :

+ internet évidemment qui est désormais partout et exige que tous soient au top des évolutions ; de plus, les embauches sont difficiles et on s'arrache les bons...Même en agence, il faut désormais maîtriser les algorithmes et autres "technologies".  Donc, mieux vaut "mutualiser" les compétences !

+ la création, elle aussi, est désormais partout et exige des niveaux élevés ; partie de la pub/pub, elle a gagné tous les domaines : le corporate,  la com. interne, l'édition, le web, l'événementiel etc. Même les sociétés d'achat d'espace proposent maintenant aussi de la création ! Et les bons créatifs sont ... chers !

+ et puis, plus récemment, avec des noms divers ( le "brand content", le "story telling", le "native advertising", les "news rooms" etc ), ce qui était auparavant surtout du domaine de l'éditorial est désormais partout aussi...

TBWA en tire ainsi les leçons. Les autres grands groupes ou bien ont commencé  la même chose ou bien vont devoir y venir ou bien.....:

• dans les agences "Bolloré", on ne sait plus très bien qui fait quoi entre BETC, Havasworldwide, W et cie et quelques autres ! J'ai même vu récemment , sur un appel d'offres public, les deux premiers concourir et se mettre en concurrence !
• chez Publicis, on ne sait plus, par avance, si c'est Publicis Conseil ou Publicis Consultants qui va répondre !
• chez DDB, cela fait bien longtemps que DDB Publicité a avalé ( et digéré !) sa filiale corporate, DDB & Co.
• chez CLM, on a du mal à comprendre la différence entre CLM-BBDO et BBDO-Paris.... etc etc.                  Quant aux agences de taille petite ou moyenne, oubien il leur faut se limiter à leur "spécialité" oubien, de plus en plus souvent, il leur faut "s'associer" à d'autres pour présenter un dispositif complet. Encore faut-il que ces "attelages" temporaires arrivent à bien travailler ensemble dans la durée. J'ai encore vu récemment un  "groupement" de ce genre voler en éclat en cours de marché ! La com., n'oublions pas, est un univers où les "ego" sont puissants !!!                                                             Le mouvement ne va probablement pas s'arrêter là puisque l'on prête l'intention à Mr Bolloré d'amener Havas dans le giron de Vivendi.... Le vieux rêve des "contenus et des réseaux" , tout en s'asseyant totalement sur le problème croissant des conflits d'intérêt !                                                                                    Bref,                                                                                                                                                             le grand chambardement va continuer !                             

LES GRANDS PRIX STRATEGIES SE METTENT A DERAPER.....

Quoi de mieux pour reprendre la parole après l'été que les Grands Prix "corporate" de Stratégies remis mercredi dernier...Mais....

Certes, cela reste un bon moyen de sentir les tendances et les styles "à la mode" sauf... que tout finit par se ressembler ! Evidemment, la dominante est bien "le Digital partout"...C'était déjà clair l'an dernier mais, cette année, voila  la communication interne qui ne jure plus que par lui ! On comprend bien, c'est vrai, que la SNCF atteint mieux désormais l'ensemble de ses personnels par une appli que par un dépliant ou un magazine. Idem chez Carrefour etc...

Et un grand bravo  à Gyro & Parties Prenantes pour leur  grand prix mérité avec la campagne contre le harcèlement des femmes dans les transports pour le Ministère de la famille, de l'enfance et des droits des femmes. Un ton et un style qu'il fallait oser !

Et aussi à Insign et l'Armée de Terre pour le prix de la communication interne et de recrutement.

Il reste que, lors de  la séance de remise, on finit par plus entendre les propos des "sponsors" en tous genres que ceux des primés !  Et que dire lorsque le "sponsor" principal, en l'occurence l'excellent Webedia, présente des dossiers au jury et se retrouve deux fois primés dont un Grand prix ! Et que dire  encore d'une agence comme La Chose qui s'attribue  sans hésiter la totalité du mérite de la campagne Sécurité routière alors que l'on sait bien qu'elle était en "groupement" avec Anatome ; je comprends mal que la rédaction de Stratégies, pourtant bien au fait, ait laissé passer ce genre de comportement ....

Y AURA-T-IL ENCORE, DEMAIN, DES AGENCES CORPORATE ?

Les lignes continuent  de  bouger dans l'univers des agences et la ligne de partage entre "agences de pub" et "agences corporate" s'efface de plus ou plus . Deux raisons principales à cela :

• les publicitaires , avec le concept ( déjà bien galvaudé !) de "brand content" ont mis la main sur ce que, depuis toujours, les agences corporate appelaient notamment  "donner du sens"....
• internet étant désormais partout, les méthodes jusque là réservées au "marketing des produits" ont envahi tous les secteurs : la com. de recrutement, les RP et leurs e-RP et com. d'influence et même la com. interne....                                                                                                                                  Du côté des grands groupes, les choses s'accélèrent :                                                                            +   Chez Bolloré, Havas world wide a, depuis longtemps, à la fois des budgets corporate et des budgets "produits" ; quant à BETC, ils viennent d'annoncer la création de ... BETC Corporate !                                              +   Chez Publicis, on voit presque plus souvent Publicis Conseil que Publicis Consultants sur de grands appels d'offres publics ! A voir si le changement de président chez Consultants va modifier les choses...                                                                                                                                            + Chez DDB, cela fait longtemps que la structure corporate a été mangée par l'agence de pub,                        + Chez TBWA Corporate, il y a eu beaucoup de départs de haut niveau et l'équipe  est toute nouvelle.   Donc... à suivre.

         De fait, et heureusement, il y a encore plusieurs  très bonnes structures corporate de taille petite ou moyenne qui ont l'air de se porter plutôt bien ; je pense, par exemple, à  CLAI d'Eric Gulli, à Equancy de Robert Zarader, à Anatome d'Eric Zajdermann, à Parties Prenantes de Sophie Pô et Hervé Brasselet, à Vae Solis Corporate et quelques autres  notamment en province; et il y a aussi les structures plus spécialisées style Editorial, RP, Internet etc : certaines sont très proches du corporate. Tous ceux-là, il vaut sans doute mieux qu'ils ne cherchent pas à trop grossir....

A voir jusqu'où ira le balancier...

BERNARD EMSELLEM : POURQUOI LE MESSAGE NE PASSE PLUS...

Bernard EMSELLEM est l'un de ceux que j'admire le plus en communication à la fois pour ses qualités de réflexion stratégique, son sens et son goût pour l'action et pour son "respect" de l'autre. Il ne faut donc pas rater son nouveau livre qu'il a présenté récemment à l'AG de Communication Publique : " Communication : pourquoi le message ne passe plus " chez Éditions François Bourin.

Les idées  qu'il développe mettent bien à jour ce que devrait être la communication aujourd'hui à l'heure du numérique. Et j'y retrouve bien des choses échangées avec lui à notre club " des vieilles canailles"...

je ne reprendrai ici que ce qu'il propose sous le vocable de " l'acceptologie" en trois étapes :

+ la consultation ( une véritable écoute préalable )

+ la co production (avec ce qu'elle suppose de compromis)

+ l'appropriation ( faire sienne...).

Mais ....allez donc lire le "EMSELLEM"...

COMMUNICATION PUBLIQUE : INTERNET N'EST PAS UN MEDIA DE MASSE !

A un moment où la communication publique, et surtout gouvernementale, patauge, Les Entretiens organisés ce mercredi matin par Communication Publique, étaient particulièrement stimulants.

D'abord, un constat maintenant bien identifié par tous : la défiance croissante des Français à l'égard de la communication publique et plus encore la communication "politique" ( de tous bords !). Et une réponse, certes bien identifiée aussi  depuis longtemps mais bien peu ou bien mal mise en oeuvre : il faut installer la communication dès la conception d'une politique publique....

Quelques éléments glanés au fil de ces Entretiens  et des remarquables intervenants :

• ce qui crée de la confiance aujourd'hui, c'est la proximité  mais pas seulement la proximité géographique; cela veut dire savoir écouter et... entendre, savoir co-élaborer, faire vivre cette proximité,
• un problème majeur : le décalage énorme entre l'annonce d'un projet et... sa mise en oeuvre réelle et concrète,
• le Digital ne remplacera pas les autres modes de communication car les sollicitations y sont de plus en plus vastes ,
• Internet n'est pas un media de masse ; il lui faut (et il le permet) de plus en plus s'adresser à des segments, à des communautés. 
• Il faut inventer de nouvelles formes de consultation ( trouver les bons experts, les bonnes communautés etc) et le simple affichage du dialogue ne suffit plus....                                                                                                      Merci à Communication Publique pour ces Entretiens. A renouveler !

TOP/COM EXPRESSION FAIT PEAU NEUVE : BRAVO !

Le "quinzomadaire" TOP/COM EXPRESSION, que dirige Patrice Legendre,  fait peau neuve dans sa version papier et devient tabloïd. Plus encore, il se repositionne sur "la communication par ceux qui la font".

C'est courageux à l'heure où la presse version papier souffre et s'interroge sur son avenir. Mais c'est aussi le moment où Stratégies, de son côté, s'intègre un peu durement à l'univers de Patrick Drahi et perd son directeur de la rédaction....

En l'occurence, cette nouvelle formule est dynamique, attrayante et ...riche de contenus. Un bel outil au service de la profession.

COM. DES ENTREPRISES : DE PLUS EN PLUS VITE ET DE PLUS EN PLUS D' IMAGES... MAIS QUE VA DONC DEVENIR LE FOND ?

On en parle beaucoup pour les médias, la pub et la vie publique : les chaînes d'info TV, les tweets permanents de Donald Trump, la "programmatique" publicitaire etc etc. Mais cela va aussi  bouleverser  la communication institutionnelle - interne, externe, financière  - des entreprises et des organisations . Quelques rappels :

+ Forbes utilise une plateforme d'intelligence artificielle pour générer automatiquement ses brèves à partir des flux d'informations déjà stockés dans la base de données de son site. Et d'autres font de même....

+ sur snapshats, les photos ou vidéos disparaissent de votre mobile ou de votre tablette au bout d'une dizaine de secondes ; sur vine, les vidéos ne doivent pas dépasser 6 secondes. Et les fameuses conférences TED ne laissent que 3 à 18  minutes à chaque intervenant pour "raconter sa vie"...

+ le nombre et  l'usage des émoticônes se répandent  rapidement tout comme  celui des "gifs animées"  et, là, on est totalement dans l'"émotion" et  l'instantanéité !

+ en pub, les spots TV sont de plus en plus souvent des 15 ou des 30" et beaucoup moins des 1 minute.

etc etc.

Tout cela correspond beaucoup, pour l'instant, à la "génération z" mais celle-ci va bien un jour entrer dans le monde du travail . Et, en attendant, il y a tous les autres !

Déjà, un certain nombre de grandes entreprises ( et d'agences dites corporate ), à l'exemple  de  Coca Cola qui  a ouvert la voie - ont transformé leur Direction de la communication pour y créer une "news-room"...

Mais toutes ces approches et technologies  ne transforment pas simplement les "modalités" et les techniques de communication. Un certain nombre d'entreprises ont d'ailleurs mis en place leurs propres "réseaux  sociaux" d'entreprise. Cela pose la question de savoir comment on communiquera  sur les sujets "de fond" :  installer ou développer une culture d'entreprise,  faire passer le projet d'entreprise, expliquer le bilan  etc etc.

Et, là,  un sacré boulot reste à faire !

 

ANNE LAUVERGEON, EX REINE DE LA COM.....

Il n' a pas si longtemps encore, Anne Lauvergeon, en son temps Présidente d'Areva, figurait parmi les trois françaises dans les 50 femmes les plus puissantes du monde...et se pensait destinée à de plus hautes fonctions encore...

Bigre... Plus on en apprend sur les différents aspects de l'affaire Uramin ( voir le Dossier de Libération de cette semaine), du rôle probable de son mari, de ce qui se passait à ce moment là à l'intérieur d' Areva et plus on voit à quel point une com. bien "menée" peut  certes servir aussi  à "contourner" des "coups tordus"...

En communication, une règle de base, à mes yeux, a toujours été de ne jamais dire quelque chose qui puisse ensuite s'avérer faux... Et ceci prend encore plus d'importance à l'ère des réseaux sociaux  et de la surenchère d'investigation entre médias car... on finit toujours par se faire rattraper ! (voir le Carnet de com 8 de Corinne Dubos sur www.carnetsdecom.com)

Bref, ... à qui le tour ???

ET VOILA LE "MANAGEMENT BIENVEILLANT"...: COMMENT EST-ON TOMBÉ SI BAS ???

Un récent numéro de Stratégies (n°1032), sous la plume de Gilles Wybo,  raconte l'apparition et le développement de "la bienveillance, nouvelle potion  magique du management"...Et l'article reprend les cinq points de "la charte du manager bienveillant" selon "un urgentiste de formation"... :

+ Donner du sens

+ Fixer des objectifs ambitieux et réalistes

+ Accorder de l'autonomie

+ Ne pas oublier les encouragements

+ Reconnaître ses maladresses.                                                                                                                                                                                                  

Tout cela est très bien. Mais...quel pays  sommes nous donc où il faut enseigner la "bienveillance" ???  Et comment peut on vraiment devenir "manager" si l'on ne connait pas et n'applique pas au moins les quelques principes ci-dessus...?                          

Un dirigeant travaillant beaucoup à l'international me disait récemment qu'il y a bien là une "exception française", encore plus développée dans le secteur public où tous les étrangers  vivent durement une certaine "arrogance" française.   A l'heure où l'on parle tellement de "solidarité".....  

 

Voir le Carnetdecom 9 , publié avec l'Afci, sur : "votre équipe, l'animer, l'informer, la motiver"(carnetsdecom)