Le weblog de Philippe Heymann

INTERNET CREE LA VIE DURE AUX MEDIA

Ce n'est pas nouveau mais les signes se multiplient de la difficulté des media "traditionnels" face à internet !

France-Soir essaye (à mes yeux vainement depuis longtemps et pas forcément à cause du web) de se trouver une voie ; la Tribune fait de même . Le groupe Hersant, lui, vient de mettre Comareg en liquidation alors que celle-ci, à partir de 68 sous l'impulsion de Paul Dini, a créé et développé avec succès  en France le concept des gratuits locaux d'annonces ; et cela parce qu'Hersant n'a pas pris à temps le virage des annonces sur internet....Et tous cherchent leur "nouveau modèle économique"...

La tâche est d'autant moins aisée que la publicité sur internet, même si elle se développe rapidement, rapporte beaucoup moins à l'éditeur à chaque "annonce". Et la manne va se répartir entre un nombre considérable de "supports" de tous types et plus seulement les "éditeurs de presse"....

Une chose me parait certaine : ceux qui subsisteront devront jouer la "qualité" de l'information, et cela quel que soit le media. Dans le genre qualité, avez-vous déjà écouté  le dimanche de midi à deux heures sur Inter l'émission de Stéphane Paoli ? Un modèle du genre !

COMME CHEZ MCDO, DEMAIN, TOUTES LES AGENCES SERONT CORPORATE....

En avant-propos du guide Corporate 2012 de Stratégies,  Delphine Masson de Statégies interroge Benoît de Laurens, vice-président de Lowe Stratéus et président de la délégation corporate de l'AACC. Evidemment, quand il déclare que "demain, toutes les agences seront corporate", il prêche pour ses adhérents et c'est normal. Mais sa remarque va beaucoup plus loin :

- d'abord, cela répond à ce que l'on constate, enquête après enquête : les français ne croient pas au discours des entreprises. Or, comme il le dit, "tout cela ne fonctionne que si la communication intègre des critères plus rationnels, plus citoyens..." et on est encore loin.

- ensuite, il constate que les entreprises qui marchent le mieux sont celles qui "sont capables de cohérence globale",

- et il en apporte la preuve avec McDonald : "pour qui la communication est tout à la fois institutionnelle, sociale,, concernant les produits ou liée aux ressources humaines. Tout est connecté et pensé en totale cohérence avec un chapeau fantastique , le slogan venez comme vous êtes !".

Et pendant ce temps, l'autre jour, passant en plein après-midi 1h devant ma télé, j n'ai vu que des pubs se référant ... au sexe  et à la sensualité : les voitures (c'est pas nouveau), le chocolat et même Schweppes que le spot assimile, certes avec humour, au mot sexe !!!

Vivement que toutes les agences soient corporate !

STRATEGIES FETE SES 40 ANS... MAIS, AVEC DRU, FAIT PEU DE CAS DE LA COM. CORPORATE !

L'excellent magazine Stratégies fêtait brillamment mercredi soir ses 40 ans ... L'âge de la vraie maturité : Stratégies est devenu, dans ce métier, une institution incontournable !

A cette occasion, le magazine publie un volumineux numéro "collector"  passionnant à parcourir. Mais il faut bien avouer que, d'un bout à l'autre, cela reste très "publicitaire" et surtout "produits"... Le corporate et l'institutionnel y sont quasiment absents !

Bonne idée aussi d'avoir demandé à Jean-Marie Dru de commenter la période par dizaines d'années. Certes, Dru constate bien l'émergence du corporate au cours des années 90. Et  il l'attribue surtout aux grands groupes qui, c'est vrai, se sont structurés sur ce créneau au cours de ces années là... Mais c'est oublier un peu vite quelques-uns de ceux qui en sont les "pères-fondateurs" : les Eric Zajdermann, Rémy Ossard, Jacques Hintzy et quelques autres ...

Le paradoxe est que, au fond, les "publicitaires"  se sont "accaparés" le corporate puisqu'ils sont les premiers à expliquer que, pour qu'un produit se vende bien, il est essentiel que celui qui le propose ait une bonne image, que ce soit celle de son entreprise ou celle de sa marque ! Et la révolution digitale ne fait qu'accentuer ce phénomène.

LES RELATIONS "PUBLIQUES" DEVIENNENT RELATIONS "PUBLICS"

Syntec RP, l'association qui regroupe les principales agences de RP et que préside Thierry Wellhoff, a récemment modifié son nom : le RP de "Relations Publiques" est devenu "Relations Publics"...

 Le temps est  loin maintenant où les  RP  convoyaient une image "cocktail/petits fours" et leur métier a largement rejoint le concept  anglo-saxon nettement plus large . Mais il reste vrai que, pour certaines opérations que les anglo-saxons qualifient de "public relations", les entreprises françaises ont plutôt encore tendance à penser "communication" ou "corporate" ou "com. financière"... D'ailleurs, en France, certaines agences de RP préférent s'intituler "agence de communication" ou  "communication d'influence" même si cela se réfère plutôt au lobbying qui est une partie des RP.

Je ne suis pas certain que cette nouvelle appellation va prendre mais... il fallait le tenter. Qui plus est, Syntec RP adhére au code international de déontologie des associations de RP . Et  elle  rappelle à juste titre   que ce code ne signifie absolument rien si les professionnels du secteur n'ont pas le courage de s'opposer à une mission contrevenant à l'un de ses 18 articles portant sur l'intégrité, la transparence, la véracité, la tromperie ou encore le trafic d'influence vis-à-vis des représentants de l'Etat, des médias ou de toute autre partie prenante. 

Rappel pour le moins opportun dans l'époque actuelle... où  des  "affaires" type Servier et autres tournent aussi beaucoup auteur des RP et/ou du lobbying !

AVEC LE "BYOD", L'ORDI PERSO DEVIENT OUTIL D'ENTREPRISE

Un nouveau mot dans le vocabulaire des entreprises, selon le très intéressant article de Sebastien Pierrot dans Les Echos d'hier : le "BYOD" = "Bring Your Own Computer"...

En bref, les entreprises se mettent à proposer à leurs  collaborateurs d'amener au bureau leur propre ordi, quitte à les autoriser à y charger un certain nombre de liens et de logiciels et quitte à les indemniser ou leur rembourser des frais.

Bien sûr .... personne n'imagine que, ainsi, les équipes vont "encore plus" travailler le soir ou le week-end ! L'idée - qui me parait judicieuse - est que l'on travaille mieux, plus vite et plus "efficacement" si on le fait avec un outil que l'on s'est  plus complètement  approprié. Et si, en plus, l'entreprise y fait des économies et le collaborateur y amortit ses propres frais .... Seuls les fabricants d'ordi vont tordre un peu le nez !

Reste quand-même le problème de confidentialité et d'intrusion...

DEMAIN, FACEBOOK RESTERA-T-IL FACEBOOK ...?

J'entends, ces temps-ci, notamment chez les annonceurs et dans les agences, des discours très contradictoires sur la place qu'occupera Facebook  dans l'univers web et réseaux sociaux dans 4 ou 5 ans ...

- Pour les uns, Facebook gardera et même amplifiera sa place de leader incontesté. Et sa nouvelle stratégie va dans ce sens : occuper une place incontournable dans tous les "mécanismes" de la vie quotidienne de chacun. Cela commence, en ce moment, par la musique et le cinéma mais va coutinuer avec les études, l'emploi, la cuisine etc.  La diffusion croissante des smartphones va évidemment  aider. Et à mesure que Inde, Chine etc....

- Pour d'autres, il convient d'être prudent et de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier... Facebook n'est pas à l'abri de "problèmes" ou réactions liés à la confidentialité ou à la "privacy" ; Google part à la "reconquête" ; de nouveaux concurrents - par exemple melty.fr chez les jeunes - connaissent un démarrage foudroyant ; "rappelez-vous les "sommets" atteints par les blogs de Skyrock fortement entamés ensuite par la     déferlante Facebook"..... Et "méfions-nous des modes passagères" (certains mettent les "flash codes" dans cette catégorie.

Un beau sujet à suivre attentivement...

DE PLUS EN PLUS DE PUBLIPHOBES....POUR UNE COMMUNICATION ET UNE PUB PLUS "RESPONSABLES" !

Les esprits commencent à bouger et à se mobiliser un peu plus pour oeuvrer à une communication plus responsable. Il est vrai que les enquêtes se multiplient montrant le rejet croissant des Français face à la publicité ! Dans la toute dernière enquête d'Australie et TNS Sofres,  37% des Français se déclarent publiphobes en 2011 contre 34% en 2010, un chiffre en constante progression depuis 2004 où ils n'étaient que 25%.... Et il y aurait aujourd'hui en France trois fois plus de publiphobes que de publiphiles !

Quelques initiatives dans ce sens :

- l'étonnant ouvrage paru chez Pyramid sous le titre "Guerilla Pub-licitaire" de Gavin Lucas : visuels à l'appui, d'étonnants exemples de campagnes qui ont cherché (et réussi) à tourner les règlements... grâce, évidemment, à  la complicité et au "talent" de leur agence !

- le nouveau "collectif des publicitaires éco-sociaux-responsables" créé par six agences qui veulent réformer  radicalement les pratiques ( www.collectifcomresponsable.fr). Comme le dit l'un des fondateurs, Laurent Terrisse, président de l'agence Limite, "le secteur prend les mesures à reculons ou sous la pression" ! Et il est grand temps de réagir...

Il est vrai qu'il y a du pain sur la planche ! Dans tous les domaines... y compris dans les media . Ainsi, j'ai déjà évoqué la multiplication des "faux" publi-rédactionnels non signalés comme tels ou des reportages et suppléments totalement "rémunérés" ! Cette semaine, Paris-Match s'y met avec un "magnifique" reportage de plusieurs pages en ouverture de journal  sur les cabriolets VW avec  ravissant mannequin , jolies prises de vues à l'appui , typo du journal etc  etc !  Un vrai reportage de mode ! En l'occurence, il y a bien le mot "communiqué" mais uniquement sur chaque page de  droite : on ne le voit donc que très tard après avoir été "pris au jeu" .  Bref... une fois de plus... "je me suis fait avoir !".Ce n'est pas l'oeuvre d'une agence mais directement de Lagardère Publicité... C'est bien en agissant ainsi qu'annonceurs et professionnels vont finir par scier la branche !

LA PUB DU LUXE...TROP, C'EST TROP !!!

Série Limitée, le supplément Luxe des Echos que j'apprécie chaque fois, publie son numéro 100 ! Bel anniversaire ! Mais, cette fois-ci, je suis choqué car, par les temps qui courent,  ... trop, c'est trop !

Cela commence par 4 pages quadri "dépliantes"  avec la pub Charlize Théron/J'adore Dior... C'est magnifique, mais ... c'est trop et ... on s'en fout !

Ensuite, c'est un fantastique défilé de toutes les marques que Série Limitée cite à longueur d'années et qui renvoient l'ascenseur et ... c'est encore trop !

Quant aux  contenus "rédactionnels", à part les pages consacrés aux 100 "nouveaux talents" (de fait, des gens déjà tous un peu connus dans leur milieu mais bien peu de vrais nouveaux créateurs !), c'est à nouveau le catalogue des cent produits ou marques en vue préférées (les annonceurs y sont évidemment tous cités !), des cent "entrepreneurs de vins (suivez mon regard !) , des cent "destinations préférées etc.

Certes, on ne peut ignorer que les grandes marques (les Vuitton,Hermés, Cartier etc etc )  annoncent tous des chiffres d'affaires et de profits de + 15 à + 30% (et + sur certaines zones) mais quand-même ! Un peu de décence svp si l'on ne veut pas déclencher un jour des réactions qui vont finir par ... tuer la poule aux oeufs d'or ! 

POUR L'AVENIR, L'ECRITURE CERTAINEMENT...LE PAPIER, C'EST A VOIR !

Deux chiffres du monde de l'Edition très significatifs sur ce qui se passe ou se prépare... :

- la rentrée littéraire, en France, donnera lieu à la sortie de près de 700 nouveaux romans et autres ouvrages . Donc, même si le nombre baisse légèrement, ... l'Ecriture va bien !

- Aux Etats-Unis , durant sa première année de vente, le dernier roman de Jonathan Franzen "Freedom" (qui sort maintenant en France à L'Olivier) a été vendu à ... 300 000 exemplaires par téléchargement, e-book etc  et ... nettement nettement moins en version papier.

Même si on n'aime pas forcément lire un bouquin sur écran ou tablette, ça donne à réfléchir !

" Y A-T-IL UN PROBLEME HAVAS ?......

C'est un sujet sur lequel je reviens assez souvent parce que , s'il touche à la communication,   je le trouve très symbolique  de la façon dont notre pays "tourne en rond"... Mais, cette fois-ci, le titre ci-dessus était celui de la cover-story  de Stratégies,  notre bonne revue professionnelle, du 3O juin qui ajoutait : "publicité, conseil medias, achat d'espace, régie et médias : Vincent Bolloré est présent sur toute la chaîne de valeur. Son groupe s'expose ainsi aux conflits d'intérêts et alimente la machine à fantasmes".

De fait, cette situation ne date pas, comme le remarque l'hebdomadaire, de l'arrivée de Bolloré en 2005. Et il n'est pas vraiment le seul à être dans cette situation même s'il est celui qui "intègre" le plus grand nombre de "fonctions". Il y aurait aussi à dire sur le groupe Publicis ou Lagardère par exemple. Et on connait bien cette "spécificité française" qui fait que les grands médias sont, pour beaucoup, entre les mains de grands fournisseurs de l'Etat (Bouygues, Dassault, Lagardère etc) ou de groupes dont certains intérêts sont très proches (Bolloré en Afrique) ou, au-delà des beaux "codes de déontologie" mis en place,  de sociétés par ailleurs cotées en Bourse  pour leur coeur de métier comme Pinault et Arnault...Et j'en oublie certainement...

Ce qu'il y a de nouveau dans le cas Bolloré - et la couverture de Stratégies en est le reflet -, c'est que même les professionnels de la pub commencent à s'en "inquiéter"....Car, lorsqu'il s'agit de négocier un bon tarif ou un bon emplacement TV,  et même lorsque , en théorie, on a mis en place des "chinese walls", les "bonnes relations, ... ça aide !

Mais si la profession s'en mêle, cela signifie que le sujet commence à mûrir. Certes peu de choses à attendre en période pré-electorale où ni la droite ni la gauche ne peut se mettre à dos des médias, mais... lentement... peut-être un jour admettra-t-on en France, dans ce secteur comme dans d'autres, que le vrai  "libéralisme" a ses avantages mais ... qu'il comporte aussi ses règles et ses contraintes !