Le weblog de Philippe Heymann

LA PUB PERMET-ELLE VRAIMENT DE REDRESSER UNE IMAGE ... "ABIMÉE"...?

Je crois dans les vertus de la communication et de la publicité. Mais...., quand je vois certaines campagnes, je me demande vraiment si la pub proprement dite est le bon moyen pour redresser une image "abimée".

Quelques exemples :

> l'UIMM vient de démarrer une campagne où elle investit , dit-on, six millions d'euros ... Cela va-t-il vraiment faire oublier aussi vite ses récents déboires ???

> TOTAL investit fort depuis quelques années en pub "corporate". Certes, l'Erika puis AZF ne lui ont , semble-t-il, fait perdre aucune part de marché. Mais... les bons candidats au recrutement ne s'y précipitent plus autant et tous les "voisins" de la société sont sur les dents !

> EADS clame, en pub,  sa "responsabilité"... Cela fera-t-il pour autant oublier les doutes sur les actions vendues par ses dirigeants ou ses graves retards de livraison ?

> la profession bancaire , dans sa quasi-totalité, se donne en spectacle de la même façon.

Et l'on pourrait en citer bien d'autres...Marcel Bleustein Blanchet avait coutûme de dire qu'il n'y a pas de bonne campagne de pub s'il n'y a pas un bon produit . En l'occurence , les "produits" sont plutôt bons (l'essence de Total ou les Airbus et hélicoptères d'EADS), mais c'est l'"institution" qui pose problème. Je crains fort que certaines de ces campagnes ne servent finalement qu'à faire vivre les medias et les agences. Mais , c'est peut-être déjà ça ! 

Je parlais récemment de la crédibilité devenue suspecte  de la "parole publique". Il en va de même pour chaque entreprise : sa "parole" , pour redevenir crédible, doit passer par de vrais changements de comportements. Il lui faut un "socle" solide. Certes, cela prend du temps et... encore faut-il que ceux-ci soient profonds et réels.  Ce n'est pas vraiment une campagne de pub qui va résoudre le problème...

PAUVRE, BIEN PAUVRE COMMUNICATION INTERNE !

Le dernier numéro de Statégies cite une enquête sur la communication interne réalisée par le cabinet Inergie et titre : " les communicants internes ont le moral".

Certes, l'enquête fait apparaître que ces communicants se sentent à la fois plus proches des managers et mieux reconnnus par leur direction.... 

Mais je n'ai pas tout à fait la même lecture quand je vois que seulement 39% d'entre eux encadrent une équipe de plus de deux personnes... Cela veut donc dire que 61% des 179 responsables interrogés (donc des gensquand-même identifiés comme tels) ont au maximum deux personnes avec eux...De plus, on sait bien que, dans de telles enquêtes, les répondants "gonflent" un peu leur importance !

Ce chiffre me semble se passer de tout commentaire. Et on s'étonne ensuite du nombre de suicides, du stress omni-présent, de la démotivation rapide des jeunes en entreprise etc.

Et moi qui croyais naïvement que le "capital humain" était la première richesse de l'entreprise !

LA VACCINATION GRIPPE POSE UN PROBLEME DE FOND POUR LA COM !

J'ai, là aussi, déjà abordé le sujet lors de la première vague de communication en m'interrogeant sur la force et le timing de cette com très en amont. 

Aujourd'hui, nous sommes en plein dedans (de la pandémie et de la com !) et cela pose des questions de fond qui méritent réflexion pour l'avenir lorsque l'on constate la "réticence" actuelle des Français à aller se faire vacciner.

Certes, les choses peuvent encore changer (l'inquiétude montante par exemple) mais je retiendrai à ce stade deux remarques principales  :

> la situation reflète complètement ce dont j'ai parlé dans un récent blog (à propos du 20ème anniversaire de Communication Publique) :  la "parole publique" est devenue suspecte.

En l'occurrence, tout devient "suspect" :

- pourquoi en avoir commandé tant ?

- quid du lobby des laboratoires ?

- pourquoi cela arrive-t-il si tard ?

- et les effets secondaires ? etc. etc. 

Rien n'y échappe !

> la stratégie de com retenue a été totalement  traditionnelle , c'est à dire centralisatrice et descendante. En faisant simple, on ne lui a , à aucun moment, appliqué les principes pourtant connus de la "conduite de changement" où il importe que chaque acteur et individu concerné s'approprie la réflexion, la démarche, le changement, le pourquoi des choses (par exemple aller dans un gymnase au lieu de chez son médecin !);  de même on a écarté la médecine de ville du dispositif-relai alors que le médecin traitant joue un rôle majeur et que la politique de santé repose largement sur lui.

 On pourrait décortiquer beaucoup plus ce qui se passe ; mais il me semble que, au bout du compte, on aboutira à chaque fois à l'une de ces deux grandes constatations.

A suivre ...car l'enjeu de santé certes mais aussi de com est énorme !

EDF VA AVOIR UN SACRÉ PROBLÈME DE COM !!!

EDF continue à dérouler imperturbablement sa campagne de com. "témoignages" dont j'ai déjà parlé ! Or, au même moment, les nuages d'image s'accumulent :

> avant l'été, une affaire de hausse de tarifs où l'entreprise a voulu forcer la main des Pouvoirs Publics,

> les multiples incidents de sécurité nucléaire où le public finit par ne plus savoir qui est responsable : Areva, EDF, les sous-traitants ou d'autres encore. Mais, pour le public, nucléaire = EDF,

> son nouveau président qui, quel que soit ses énormes qualités, cumule les fonctions et fait réviser à la hausse son futur salaire !

> plus récemment, le milliard annuel que coûte la sous-utilisation  de ses centrales pour des raisons techniques,

et, comme si tout cela ne suffisait pas,

 voilà la société de distribtion ERDF qui déploie une campagne de pub sur le thème "nous sommes 35 000 à aller là où personne ne peut plus se rendre" y compris "jusqu'au  tout dernier mètre. Celui qui arrive chez vous"... Bref, on prêtait encore à EDF les performances de réparation des lignes en cas de panne, de tempête ou autre et ... ce n'est même plus elle !  En l'occurence, ERDF fait un sacré croche-pied d'image à EDF !

EDF se prépare un sacré problème de com et ce n'est sûrement pas sa campagne actuelle qui va y changer quelque chose...

LA PUB BANCAIRE SE MET A DU BIEN TRISTE "MONEY WASHING" !

Curieuse coïncidence... La semaine même où Madame Lagarde annonce avoir passé une sorte de "contrat de confiance" avec les banques, la plupart des grandes y vont de leur campagne de pub à coup de pleines pages : Crédit Agricole (qui va changer d'équipe dirigeante car....), Banques Populaires et Caisses d'Epargne dans le même numéro à quelques pages d'intervalle ( qui ont changé de dirigeant car...), Société Générale (qui a changé de dirigeant car...) et je n'a pas vu tous les media !

Et que nous disent-ils ? .... Tous à peu près la même chose : "je suis le meilleur" ou "je suis le plus gros" ou "je suis celui celui qui prête le plus vite" ou "je suis celui qui vous écoute le mieux" ou "je suis le plus responsable". Bref, autant de jolis mots que plus personne ne croit ! Seule, BNP Paribas (mais pas cette semaine) fait des pub "concrètes", factuelles et met la paquet sur l'accueil en agence (je l'ai constaté ce matin très positivement).

Au total, une bien triste réflexion de fond sur ce que devrait devenir leur communication aujourd'hui et ce qu'il faudrait faire "avec du temps" pour remonter la pente , à tout le moins celle de l'image qui sera plus longue et dure que celle des résultats et des bonus !

Pour moi qui crois à la com et à à la pub, tout cela gêne un peu : ici, ce n'est pas du "green washing" mais du ... "money washing" ou du "bon citoyen washing"....

L'E-MAIL INTERNE PERTURBE-T-IL LES ENTREPRISES...?

Très bon article de Eric Albert dans  Les Echos (page 12) de mardi 3/11 sur le thème : "l'usage de l'e-mail perturbe-t-il le fonctionnement des équipes ?".

J'en cite un passage qui, à mon sens, va très loin  : "nous avons appris à échanger sur le plan émotionnel avant même de parler. Mais cette dimension d'intelligence émotionnelle collective vient heurter l'esprit rationnel de beaucoup de managers. Ils caressent l'idée que le raisonnement pourrait être exempt d'émotions et la gestion des hommes purement rationnelle. Ceux-là se complaisent dans l'échange d'e-mails, peut-être vaudrait-il mieux dire qu'ils s'y complaisent : c'est tellement plus facile de ne pas avoir à se confronter à l'autre !"

J'ai toujours pensé (et j'en ai déjà parlé) qu'internet, à l'intérieur d'une entreprise ou d'un groupe, était un progrès fantastique mais que cela ne pouvait surtout pas, bien au contraire, remplacer le contact et la rencontre... Les travaux et réflexions sur tout cela sont encore bien sommaires. Il serait peut-être intéressant de regarder l'impact de la nouvelle  "culture e-mail" sur le climat interne de l'entreprise , par exemple chez France Telecom...

Eric Albert raconte  aussi : "deux assistantes qui travaillent dans le même bureau s'envoient des e-mails"... Alors ? Nouvelle culture ? Ouverture de parapluie ? Peur de l'échange ? Tout à la fois sans doute ; encore faudrait-il y réfléchir un peu plus !