Le weblog de Philippe Heymann

MEDIA , DIVERSITE & CO : SE FAIRE "CONNAÎTRE" A PEU DE FRAIS ...

J'entendais dire récemment que lorsque Vincent  Peillon a fait son éclat sur TF1 , c'était non seulement tout à fait calculé mais surtout  l'application d'une stratégie dans la durée  : avant de se forger une image, il s'agissait de se faire une "notoriété"... Objectif atteint.

Il n'est malheureusement pas le seul : Georges Freche à Montpellier, le "jeune" Poniatowski en quête d'un prénom etc etc.

Les points communs à ces débordements : attaquez vous  ou bien aux media ou bien à un personnage issu de la diversité ...Et vous êtes certains que l'on parlera de vous !

Certes, c'est de la "stratégie de communication"  qui marche dans l'instant ; mais j'ose espérer que, à terme, cela  laissera  quelque trâce dans l'image des auteurs.

 A suivre...

REBELOTE SUR LES CONFLITS D'INTÉRÊTS DE PUBLICIS

Après le président de TBWA (voir ma note du 6 Février sur le même sujet), c'est Hervé Brossard, président de la centrale d'achat d'espace OMD et âme du groupe DDB en France , qui se paye même de l'espace publicitaire dans la presse pour s'inquiéter des conflits d'intérêts de Publicis, agence/acheteur d'espace/régisseur. Il est vrai que, faisant partie du même groupe Omnicom que TBWA, il ne pouvait guère rester muet sur le sujet...

Je me réjouis que la profession réagisse mais deux choses me frappent dans la réaction d'Hervé Brossard :

1- il a été plein d'années président de l'AACC, l'organisation professionnelle des agences de pub et de com; or, je ne l'ai jamais jusqu'ici entendu  s'étonner que Publicis puisse être par exemple le régisseur de pub du quotidien Le Monde ou que Bolloré puisse être à  la fois agence/acheteur

d'espace/propriétaire de supports...  Mais je n'"ai évidemment pas lu tous ses discours. Et il est vrai que la bataille est nettement plus féroce entre groupes publicitaires sur les tarifs TV et les emplacements TV que pour la presse écrite. Mais, me semble-t-il, le problème n'est pas différent sur le fond !

2- Hervé Brossard, prudent !, se garde bien de trop provoquer Maurice Lévy de Publicis et ne demande pas  l'interdiction de cette confusion des métiers. Il prône plutôt  l'installation de toute une série de règles techniques visant à empêcher les excès et contrôlées par exemple par le CSA. Bon ! Sauf que ce qu'il propose est tellement compliqué à  mettre en place et à contrôler que ce serait totalement inopérant et il le sait bien. Comme HB est quelqu'un d'intelligent,  je ne peux donc qu'en déduire que cela n'est que du vent pour faire semblant de ....Bref ..... !

GUESS, L'OREAL, LOLITA LEMPICKA ET QUELQUES AUTRES EN FONT UN PEU TROP DANS LE SEXY !

Je ne suis pas particulièrement prude et regarder une jolie femme ne me déplait nullement... Mais, quand-même, certaines pub me semblent jouer un peu trop sur la dimension sexy ou le corps de jolies mannequins :

-  L'Oreal, pour promouvoir son colorant pour cheveux, a-t-il vraiment besoin de dénuder  (même pudiquement) le corps de son modèle ?

- Guess, pour promouvoir ses sacs a-t-il vraiment besoin  d'être provoquant ?

_ Lolita Lempicka - certes dans une pag de pub très belle- joue à fond la Lolita plantureuse et générause

et quelques autres  marques de parfums en font autant...

Je croyais pourtant que les publicitaires avaient pris des engagements de "bonne conduite" ... Ils s'étonneront ensuite si une réglementation de plus leur tombe sur le dos !

LA PREFECTURE DE POLICE MONTRE SES AGENTS !

Le bâtiment de la Préfecture de Police de Paris, sur l'ile de la Cité  le long de la Seine, est en ravalement. Toute la façade, sur presque 100 mètres, est recouverte d'une toile figurant des "agents" les plus divers en tenue et en situation: à pied, à vélo, au bureau etc .

C'est très bien fait, plutôt sympathique  et c'est une bonne communication . Mais ... gare : ne regardez quand-même pas trop  sur le côté car ... vous risquez alors de rater un feu rouge ou d'écraser le pare-choc de la voiture devant vous !

Un sacré bon point (comme le permis !) quand-même... 

TOYOTA FRANCE ET LE RAPPEL DES VOITURES

Je n'y connais rien au niveau technique mais, en termes de com, la page de pub de Toyota France pour informer ses clients du rappel des voitures est extrêmement bien faite et très complète : on explique le pourquoi et, ensuite, on donne toutes les informations concrètes : les modèles et dates concernées, ce qu'il y a à faire, combien de temps cela prend (de 30 à 40 minutes), comment s'y prendre et quand etc.

On donne même le nombre de véhicules concernés en France : 164 335...

Bref, face à un problème difficile, un ton simple et sans sentimentalisme et une très bonne com !

QUAND PIERRE GIACOMETTI DÉCOUVRE LES SUBTILITÉS DE LA COM CORPORATE....

Pierre Giacometti, ancien sondeur et président de GiacomettiPéron et associés, est l'un des meilleurs analystes actuels  de l'opinion (il travaille d'ailleurs intensément pour l'Elysée et Matignon). Quand ,avec son directeur général Alain Péron, il prend la plume comme il l'a fait dans Le Monde  daté  mercredi 10 février, cela vaut la peine d'être lu avec attention.

Leur article est remarquable  et décortique brillamment les subtilités, complexités et difficultés actuelles  à analyser et suivre l'opinion publique.

Mais je ne peux en même temps manquer de m'étonner quand, vers la fin de leur papier, je lis certaines phrases (que par ailleurs j'approuve totalement) :

Parlant des "nouvelles règles de communication"  qu'il faudra suivre pour 'l'après-crise", il cite :

1- l'exigence de cohérence,

2- la fragmentation des publics : "un même individu est exposé concurremment à plusieurs messages : ceux destinés aux clients, aux salariés, aux actionnaires, aux citoyens etc";

A quelques mots près, je crois lire ce que, il y a quelque vingt ans, ont écrit et publié la poignée de communicants qui ont démarré et poussé en France le concept de "communication corporate et institutionnelle" . Et ils considéraient que c'est bien cela qui différencie la com commerciale de la com corporate !

Heureux que Pierre Giacometti le découvre pour l'après-crise !

DEMOCRATIE POLITIQUE OU DEMOCRATIE SOCIALE ?

Participé vendredi à un colloque d'une qualité exceptionnelle sur la forme comme sur le fond qui apporte une démonstration exceptionnelle du rôle qu'un "événement-colloque"  (donc de la com ! ) réussi peut jouer dans une stratégie de changement ou de réforme.

Le sujet : "la place des partenaires sociaux dans l'élaboration des réformes". Sujet délicat et difficile où il vaut mieux, à certains instants, être juriste pour bien suivre !

L'organisateur : le Conseil d'Etat, et plus spécialement sa section sociale que préside Yannick Moreau, la présidente de la section.

Exceptionnel pour plusieurs raisons  : 

• le sujet est, de fait, celui de la représentativité des syndicats et, plus encore, le rôle respectif de la loi et du contrat en matière sociale, donc : l'équilibre entre démocratie parlementaire ou démocratie sociale.

• l'animation : un horaire parfaitement tenu, des interventions courtes et claires, des présidents de  table-ronde efficaces, donc un débat bien préparé,

• des intervenants inusités sous les lambris et les fresques du Conseil d'Etat : Maryse Dumas de la CGT, Marcel Grignard de la CFDT... En soi, leur présence dans ce lieu est déjà une réussite et un événement !

• l'assistance nombreuse : la salle d'AG du Conseil d'Etat n'y suffisait pas et une deuxième salle a du accueillir les participants de tous bords,

• des "messages" sont passés  entre les uns et les autres : même avec des mots différents, chacun admet de fait qu'il faut aboutir à un "code de bonne conduite" ou à une "charte" du dialogue social.

Tout cela n'a rien d'étonnant venant de Yannick Moreau, l'un de nos  grands serviteurs de l'Etat qui, avec sa hauteur de vue et son expérience unique, maîtrise toutes les subtilités du dialogue et du droit social. Mais, surtout, ... de l'art d'utiliser un "colloque" pour faire progresser les idées et le  changement !

FRANCE TELEVISIONS PUBLICITÉ, PUBLICIS, COURBIT ET LES CONFLITS D'INTÉRÊT

Intéressante interview ce matin, dans le Figaro, de Maurice Lévy, président de Publicis, et de Stéphane Courbit à propos des éventuels conflits d'intérêts pour la régie publicitaire de France Télévisions Publicité.

Passons sur l'aspect ALain Minc... De toute façon, son talent  (et son activité) est  notamment d'être partout ; il incarne à merveille le "système centralisé français"...

Sur l'aspect plus publicitaire, la réponse de Maurice Lévy, que j'admire par ailleurs énormément,  est admirable d' "intelligence" : il explique avec conviction qu'il n'y a aucun conflit d'intérêt entre une régie et ... les contenus d'un media . Il a certes raison puisque ce conflit là, s'il éxiste, est affaire de déontologie journalistique. Et on voit mal , au Monde par exemple , la régie (Publicis à 50%) influencer la rédaction...

Mais, ce faisant, il esquive  un autre vrai risque de conflit où  Publicis n'est de loin pas le seul concerné (Bolloré notamment aussi ) : peut-on être à la fois régisseur publicitaire ou actionnaire de media d'une part , agence de publicité et/ou agence d'achat d'espace d'autre part ? Autrement dit, peut-on être à la fois celui qui conseille et oriente (pour ne pas dire décide) dans quels supports l'annonceur va passer et celui qui encaisse le montant et le résultat des publicités qui choisissent le dit support ? Publicis et Bolloré/Havas sont bien dans cette situation à la différence, sauf erreur de ma part,  de grands groupes internationaux comme Omnicom ou celui de Martin Sorrel.

J'ai déjà abordé ce sujet ; et il s'avère que la France est, ici, très largement une exception . On me répondra à juste titre que si une agence ou une centrale d'achat "biaise" sa recommandation en faveur d'un media ou d'une régie de son groupe, cela finit par se savoir et cela risque d'agacer le  client annonceur qui peut quitter son agence . Dont acte ! Mais je connais aussi certains cas où la maîtrise de  tel media par un "groupe de com" peut "inciter"  à le choisir comme agence de publicité et où le dit groupe n'hésite pas à "suggérer" cet argument !

Nous avons d'autres métiers où des situations de ce genre existent, l'univers de la production et de la distribution de cinéma par exemple. Mais tout  cela ne semble  étonner personne et n' intéresse guère les autorités de la concurrence...C'est cela "le libéralisme" à la française !

PS : Guillaume Pannaud, président de TBWA France, publie dans Le Monde daté du 12 Février une très bonne tribune qui explique de façon  plus détaillée et plus argumentée  les risques soulevés par cette situation qu'il qualifie de "rétrograde". Et il demande que les  instances professionnelles de la publicité se préoccupent du sujet....

FRANCE TELECOM, LOMBARD, RICHARD...LA COM A SES PUDEURS....!

Il y a quand-même eu bon nombre de morts/suicides  chez France Telecom. Les exemples ne manquent pas de Présidents de sociétés qui ont du quitter leur job pour moins que ça , même s'il pouvait s'agir parfois de "seulement"  plusieurs milliards perdus !  Et les égards que l'on doit à Monsieur Lombard ne me paraissent pas suffisants pour expliquer la situation actuelle d'un Président qui reste en place même s'il perd la plupart de ses prérogatives... "L'"égard"' n'est en effet pas une règle courante dans la vie publique et dans celle des affaires ! Il y a donc quelquechose qui n'est pas clair et non dit dans tout cela ...

Plusieurs sources "sérieuses" et concordantes me donnent, "off" bien sûr, l'explication suivante : Stéphane Richard, dont tout le monde dit les grandes qualités,  a soumis son cas - contrairement au cas antérieur de Gilbert Pérol- à la Commission ad hoc sensée se prononcer sur les pantouflages de fonctionnaires qui ont exercé "de facto" la tutelle d'une entreprise et en prennent dans la foulée la Direction et il faut s'en réjouir. Et il semble bien que, aussi longtemps qu'il n'exerce pas de mandat social, cela ne pose pas de problème .  Résultat :  pour devenir Président , il lui faut attendre le délai nécessaire pour qu'il n'y ait plus incompatibilité... 

Ici encore,  même si cela ne peut faire l'objet d'un communiqué de presse, la com a ses pudeurs ....!