Intéressante interview ce matin, dans le Figaro, de Maurice Lévy, président de Publicis, et de Stéphane Courbit à propos des éventuels conflits d'intérêts pour la régie publicitaire de France Télévisions Publicité.
Passons sur l'aspect ALain Minc... De toute façon, son talent (et son activité) est notamment d'être partout ; il incarne à merveille le "système centralisé français"...
Sur l'aspect plus publicitaire, la réponse de Maurice Lévy, que j'admire par ailleurs énormément, est admirable d' "intelligence" : il explique avec conviction qu'il n'y a aucun conflit d'intérêt entre une régie et ... les contenus d'un media . Il a certes raison puisque ce conflit là, s'il éxiste, est affaire de déontologie journalistique. Et on voit mal , au Monde par exemple , la régie (Publicis à 50%) influencer la rédaction...
Mais, ce faisant, il esquive un autre vrai risque de conflit où Publicis n'est de loin pas le seul concerné (Bolloré notamment aussi ) : peut-on être à la fois régisseur publicitaire ou actionnaire de media d'une part , agence de publicité et/ou agence d'achat d'espace d'autre part ? Autrement dit, peut-on être à la fois celui qui conseille et oriente (pour ne pas dire décide) dans quels supports l'annonceur va passer et celui qui encaisse le montant et le résultat des publicités qui choisissent le dit support ? Publicis et Bolloré/Havas sont bien dans cette situation à la différence, sauf erreur de ma part, de grands groupes internationaux comme Omnicom ou celui de Martin Sorrel.
J'ai déjà abordé ce sujet ; et il s'avère que la France est, ici, très largement une exception . On me répondra à juste titre que si une agence ou une centrale d'achat "biaise" sa recommandation en faveur d'un media ou d'une régie de son groupe, cela finit par se savoir et cela risque d'agacer le client annonceur qui peut quitter son agence . Dont acte ! Mais je connais aussi certains cas où la maîtrise de tel media par un "groupe de com" peut "inciter" à le choisir comme agence de publicité et où le dit groupe n'hésite pas à "suggérer" cet argument !
Nous avons d'autres métiers où des situations de ce genre existent, l'univers de la production et de la distribution de cinéma par exemple. Mais tout cela ne semble étonner personne et n' intéresse guère les autorités de la concurrence...C'est cela "le libéralisme" à la française !
PS : Guillaume Pannaud, président de TBWA France, publie dans Le Monde daté du 12 Février une très bonne tribune qui explique de façon plus détaillée et plus argumentée les risques soulevés par cette situation qu'il qualifie de "rétrograde". Et il demande que les instances professionnelles de la publicité se préoccupent du sujet....
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