Connaissez vous la grande nouvelle promue à coup de pleines pages de pub quadri (voir Le Monde ou Les Echos d'hier) dans les quotidiens ? Vous avez deviné : DCN (l'ex Direction des Constructions Navales) change de nom et devient ...DCNS....
Bien sûr, vous avez tous compris ce qu'il y a de nouveau ! Vous avez de la chance, car la pub - a priori bien faite - ne me l'explique pas ! Même si on a droit au gros plan du regard profond et visionnaire du marin "pacha" de bâteau !
Vous avez évidemment tout de suite compris ce que veut dire le S ajouté ! Vous avez de la chance car pas moi... Heureusement, la pub nous indique à côté STRENGTH AT SEA ; par chance, je comprends l'anglais donc.. j'ai tout compris : c'est évident et voilà un nouveau nom parfaitement légitime et légitimé ! Et... on se souviendra à coup sûr de ce changement majeur !
Vous avez sûrement aussi parfaitement mémorisé le nouveau logo et son graphisme ! Vous avez de la chance car, moi, si je le regarde isolément, je ne suis capable ni de le lire ni de le prononcer avec certitude !
Bref, voilà encore une addition de compromis bâtards qui aboutit à du charabia anti-communication : on change de nom ou on n'en change pas ! Si on en change, mieux vaut faire quelquechose de compréhensible, ayant "du sens" et "prononçable" pareil par un français et un étranger ! Et si on en change sans en changer tout en changeant, le mieux n'est-il pas de le faire dans la discrétion plutôt que de clamer du "sans sens"?
Certes, j'imagine bien que l'agence Dragon Rouge (l'une des meilleures de la place en principe) a du avoir du mal à "naviguer" au milieu de toutes les contradictions du "demandeur". Il n'en reste pas moins que tout cela est indigne d'elle !
Ah, c'est en lisant cet article que je me rends compte de l'importance du recul en communication. Je ne suis pas un expert, mais un (à peine) connaisseur du constructeur naval français. Et donc, j'étais au courant. Et donc, quand je vois la pub, ça réveille tout ce que je sais déjà sur le sujet.
Je pense d'ailleurs que la pub s'adresse principalement à des connaisseurs du milieu. En effet, si beaucoup de gens prennent le train, la sncf doit gérer son image auprès de beaucoup de gens. Mais comme tout le monde n'achète pas de frégate le matin en se levant ...
Ce que je retiens, c'est l'énorme transition : une administration publique, les arsenaux, deviennent en quelques années à peine une société de droit privé, avec en prime l'entrée d'un industriel privé au capital. D'autre part, le fabricant des bateaux de la Marine Nationale devient aujourd'hui un commerçant, qui doit se battre pour vendre ses bateaux à la Marine française, et qui doit aussi se battre pour équiper les autres marines du monde (ce qu'elle fait plutôt pas mal d'ailleurs). Et c'est ça que veut dire la pub : "ici, on parle anglais", sous entendu, notre marché captif n'est plus, notre zone de chalandise, c'est le monde, et nous sommes forts et bon.
Compte tenu du caractère "impliquant" des décisions dans ce domaine (achat, mais aussi investissement ou RH), je ne pense pas que une simple pub change grand chose. Reste à savoir pourquoi ils en ont fait une quand même !
Rédigé par : Fañch | 05 avril 2007 à 23:22