Le débat sur le "libéralisme" est caricatural du "poids des mots" et des qui-proquos que cela peut créer ! Et les derniers propos de Chirac qui "rejette" le libéralisme sont caractéristiques ...D'autant qu'une partie de l'opinion française l'approuve ! Chirac en use très bien et faire le contraire serait sans doute, en tout cas pour lui, se tirer une balle dans le pied...
Car le débat entretient un double qui-proquo :
> ce que Chirac appelle "le libéralisme" devrait s'appeler le "libéralisme à la française". Car aucun des autres grands pays (y compris les Etats-Unis) ne pratique notre libéralisme qui consiste largement à prendre "le laisser-faire" et à en écarter les "contrepoids". Comme je l'ai déjà écrit dans plusieurs notes antérieures, aucun de nos grands voisins n'accepterait que Dassault, EADS, Bouygues et d'autres (qui vivent pour beaucoup des contrats publics) contrôlent les principaux media ; ou que Publicis et Bolloré puissent avoir à la fois des participations dans des media, dans des régies, dans des centrales d'achat d'espace et dans des agences de publicité !
Et, parfois même avec quelque excès, nos grands voisins ont des législations financières, anti-trust, class actions etc infiniment plus fermes que les nôtres ainsi que des syndicats, organisations de consommateurs , associations infiniment plus structurées que les nôtres !. Le vrai libéralisme, tel que le préconisait même Milton Friedman, inclut OBLIGATOIREMENT DES CONTRE-POIDS qui n'existent guère chez nous quoiqu'en dise Laurence Parisot.
> Chirac, habilement, met également dans le même "paquet" le système économique et le fameux "modèle social", ce qui n'est pas éxactement le même débat même si c'est un vrai débat. En l'occurence, la France a déjà une législation du travail assez stricte et l'Europe a une armada de "protection sociale" sans comparaison avec les Etats-Unis. Et il y a là incontestablement beaucoup de choses à améliorer et/ou à "optimiser".
Certes les deux sujets sont complémentaires mais , en installant le tout sous le même chapeau, on ne contribue pas à éclairer nos concitoyens et on exploite la fibre " se protéger de tout "; ailleurs, on appellerait cela de la démagogie ...
Ces débats faussés par les mots me rappellent celui qui remonte périodiquement, quoique un peu dépassé, sur l' Europe "confédération" ou "fédération" ! Comme si les Allemands, chez qui les Länder sont très puissants, mettaient la même chose que nous, jacobins, dans chacun de ces termes. Au bout du compte, à quelques nuances près, tout le monde est presque d'accord... pour refuser une Europe dont la tête serait trop forte et nierait les "identités nationales" pour reprendre un terme en vogue !
Le poids des mots - et donc la communication - est bien partout autour de nous !
Un autre exemple de libéralisme sans contre-poids : http://www.liberation.fr/actualite/economie/242797.FR.php un commissaire européen (français...) autorise les compagnies aériennes américaines desservir plusieurs destinations européennes lors d'un même vol alors que l'inverse n'est pas vrai.
Rédigé par : Michaël | 23 mars 2007 à 15:20