Le weblog de Philippe Heymann

DASSAULT, LAGARDERE, BOUYGUES, LES AUTRES ...ET MAINTENANT BOLLORÉ ?

On dit que Vincent Bolloré s'intéresserait au rachat des Echos... Certes, il était déjà dans les media mais cela fait un de plus : après Bouygues en TV, Lagardère un peu partout, Dassault au Figaro, Arnaud dans La Tribune, Pinault au Point etc.
Ce sont toutes des personnes que je respecte et j'admire pour ce qu'elles ont réalisé ; je reconnais aussi que, à part l'incident spectaculaire Genestar/Sarkozy/Paris Match, les interférences "connues" semblent assez rares et que ces patrons semblent essayer de respecter les règles d'indépendance de la presse.
Mais enfin quand-même ! Parmi les grands pays dits libéraux et démocratiques, nous sommes à ma connaissance les seuls à considérer comme normal que l'on puisse être à la fois industriel et surtout fournisseur important de l'Etat et propriétaire de media ; ou, tout autant,, propriétaire d'agences de publicité/centrales d'achat d'espace qui "répartissent" la pub et régisseur et/ou propriétaire de journal qui la collecte !
Je connais par coeur le discours/ réponse "classique" sur les media : " le marché français est tellement petit que c'est dur d'équilibrer les comptes ! Ils sont les seuls à avoir les moyens ; si ce n'était pas eux, nos journaux et media tomberaient entre des mains étrangères !". Voire... car alors, comment font les autres, en Scandinavie, aux Pays-Bas aux marchés encore plus petits ? Encore une utilisation biaisée du fameux patriotisme économique ou du "patriotisme de l'information". Personnellement, je ne suis a priori pas choqué à l'idée de voir le quotidien allemand Bild préparer une édition française.

Une situation du même type existe, semble-t-il, dans le cinéma : nous sommes un cas assez rare où l'on peut être à la fois producteur, diffuseur et "détaillant" ! Et on pourrait citer bien d'autres exemples.
C'est cela le libéralisme à la française qui revendique la "liberté" d'entreprendre mais en refuse les contraintes et les contre-poids !

35 ANS DÉJÀ...

Pour ses 35 ans, Stratégies publie un poster reprenant l'une de ses couvertures de chacune de ces années. Passionnant !

D'abord, saluons l'évolution du magazine lui-même, symbôle de l'évolution de toute la presse : du numéro un quasi en Noir et Blanc aux Couvertures quadri actuelles, quel chemin !

Et puis, quelques repères des 35 ans à partir des couvertures retenues :

> les portraits, ce sont surtout des "disparitions" : Bill Bernbach, le B de DDB en 1982, Marcel Bleustein-Blanchet en 1996, Lagardère père en 2003... Quelques vivants quand-même mais aujourd'hui un peu en "perdition" : Tapie en 1984, Messier en 1997. Et puis, pour 2006, Ségolène... : souhaitons lui de ne se retrouver ni en "disparition" ni en "perdition" !

> quelques événements marquants aussi : l'incendie de Publicis en 1972 puis l'émergence de Maurice Lévy en 1978, la campagne Myriam en 1981, Dru et Boulet "déboulent" pour faire BDDP en 1993 puis la naissance d'EuroRSCG en 1983 à peine huit ans plus tard, la loi Sapin en 1992 etc.

C'est toujours bien de se remettre ainsi en tête de tels points de repères. Merci, Stratégies.

SARKO CORPORATE !

Je ne connais rien à la communication politique que je n'ai jamais pratiquée. Je me suis donc demandé comment, si j'étais patron d'entreprise, j'aurais accueilli les propositions de mon agence pour mon positionnement, dans le cadre de la "déclaration de candidature" de cette semaine .

J'aurais pu avoir plusieurs réactions :
> "rupture tranquille" : intéressant mais je ne sais pas très bien faire les deux en même temps ; pour mon entreprise, je joue plutôt sur la durée pour passer de l'une à l'autre selon les besoins. Je sais mieux organiser la "force tranquille" ; mais le "tranquille" me ramène un peu trop à l'un de mes prédecesseurs détestés qui avait utilisé cela il y a 25 ans éxactement ! Donc... je ne prends pas !

> "ordre et mouvement" : même remarque que ci-dessus ; je ne sais pas faire. A certains moments, j'ai même besoin de provoquer un peu de désordre pour avoir du mouvement...

> permettre à chaque français que "tout soit possible" : bien trouvé ; belle promesse de la part de mon entreprise. Mais ... je ne suis pas capable de la tenir; et, comme mon entreprise se veut "citoyenne" et "responsable", je préfère chercher autre chose.

Deux conclusions :
1- comme patron d'entreprise, je dois être moins doué et plus timoré que "candidat Sarko". Peut-être est-ce pour cela que je n'ai jamais cherché à être Président de la République !
2- effectivement, je n'y connais vraiment rien en communication politique !

FUSION SUEZ-GDF ???

Je ne voudrais pas tout ramener à la communication mais... j'attache une très grande importance aux "signes" émis et aux "symbôles".
Je n'ai pas compétence à juger si cette fusion est ou non pertinente; en revanche, je ne peux me sortir de l'esprit cette photo de la conférence de presse de son annonce : on y voyait le Premier Ministre entouré des deux Présidents, tous très surs d'eux , expliquant -c'était en tout cas le message perçu - qu'ils avaient "décidé" de fusionner ... alors même que la loi le leur interdisait. Bref... il n'y a plus qu'à changer la loi (ce qui a été fait) !

Je les considère tous comme suffisamment avisés pour ne pas avoir réfléchi et choisi cette stratégie du "fait accompli" en connaissance de cause; sans doute ont-ils pensé que c'était la seule façon d'avancer plutôt que chercher d'abord à expliquer et convaincre. Et on ne peut évidemment refaire l'histoire pour savoir si une autre stratégie de communication aurait mieux réussi.

Depuis, difficultés et retards ne cessent de surgir et de s'accumuler... Le fait accompli n'a en tout cas pas fait gagner de temps !

A suivre...

voir aussi ma note du 15 novembre sur "campagne Natixis"

LA MORT DE MILTON FRIEDMAN

L'économiste libéral américain, prix Nobel, Milton Friedman, vient de mourir. Je l'avais rencontré à New-York vers 1966 à un moment où l'on commençait à peine à parler de lui. Depuis, il a été catalogué père du libéralisme... Mais c'était un libéralisme bien loin du nôtre car, dans son esprit, le vrai libéralisme suppose des contrepoids et contrepouvoirs partout, une sorte de "libéralisme régulé" ; c'est bien loin d'être le cas en France !
A l'époque, j'avais été envoyé aux US pour l'interviewer pour le mensuel Réalités, aujourd'hui disparu. Dans les années 1960/1970, Réalités, sous l'impulsion de son Directeur Alfred Max et de son redac chef Jean-Louis Clément, jouait, malgré son élitisme, un rôle majeur : c'est là que l'on entendait parler pour la première fois d'un nouveau penseur ou philosophe, d'un nouvel architecte, chirurgien ou peintre, des nouvelles tendances. Depuis, les news d'abord, les quotidiens et les magazines TV ensuite ont inondé ce territoire et... Réalités a disparu ! D'une certaine façon, la nouvelle donne est positive mais il faudrait désormais tout lire et regarder pour... balayer le champ ! Ou alors certains quotidiens se transforment pour partie en ... mensuels à parution quotidienne, Le Monde en premier; et cela devient lourd à lire chaque jour; quant au Monde 2 qui aurait pu jouer ce rôle, il est à mon goût vide et sans intérêt.
Merci à celui qui me donnera la solution !

PRESENTATION

Bonjour,
Je suis Philippe Heymann. J'ai consacré toute ma vie professionnelle à la communication : d'abord 15 ans comme journaliste, éditorialiste et rédacteur en chef plutôt business, finances, économie (presse écrite, radio, TV, livres, etc.) ainsi que Conseiller du World Economic Forum/davos et Conseiller de Synthèse; puis comme dirigeant d'agence de communication corporate et institutionnelle (Communica International puis Hintzy Heymann & Associés puis DDB & Co Hintzy Heymann).

Je suis aujourd'hui Consultant - P.H. Consultants - en stratégie et management de la communication pour des entreprises, des organisations, le secteur public. N'ayant plus de responsabilité d'agence et ... de chiffre d'affaires, j'ai pu retrouver une certaine liberté de parole !

Du journalisme, j'ai gardé le goût d'écrire, de réagir, de commenter.

Ce blog, je le consacrerai, si possible chaque jour, à la communication corporate et institutionnelle, le domaine que je connais ! Les campagnes, les actions, les pratiques, les métiers qui évoluent chaque jour.
J'espère qu'il vous intéressera et que nous pourrons ainsi entamer ou prolonger le dialogue. N'hésitez pas à ajouter vos commentaires... on vous répondra !

Ph.H.