Le weblog de Philippe Heymann

SANANES, NEDJIB ETC...LA COM FAIT SON MERCATO DE RENTRÉE !

On annonce ce matin deux gros mouvements dans la com. corporate qui fait aussi son mercato de rentrée :

> chez EDF, Bernard Sananés s'en irait "déjà" alors qu'il n'a été nommé qu'il y a quelques mois. Je n'en connais pas  encore la raison. Mais, c'est clair, Sananés est un excellent professionnel et il connait à la fois le côté agence (dont il vient) et le côté annonceur puisqu'il fut au ministère de l'Equipement. Mais, c'est vrai, une énorme machine comme EDF est bien autre chose ! On parle de Catherine Gros pour le remplacer; c'est également une remarquable professionnelle qui a déjà travaillé avec Henri Proglio (et plus encore avec Messier !). Voilà qui va réjouir Anne Méaux puisque celle-ci, très fidèle dans ses réseaux, avait recueilli Catherine Gros chez Image Sept après son départ du groupe Vivendi. Mais, là aussi, si cette arrivée se confirme, comment s'intégrera-t-elle, même avec son grand talent, à l'univers EDF ? A suivre...

> chez HSBC, Chantal Nedjib s'en va... Chantal est une figure majeure  et incontournable de la communication corporate en France malgré son extraordinaire fidélité à son bgroupe ex CCF devenu HSBC. On lui doit notamment, ces dernières années, la remarquable installation de la marque HSBC en France. Je connais peu d'aussi belle réussite de changement de nom même si, c'est vrai, HSBC était déjà une très belle marque internationale. Souhaitons lui bon vent pour ses nouveaux projets !

SACRÉE RENTRÉE POUR LA COM. !

La rentrée s'annonce sacrement chargée pour le monde de la communication, media compris, d'autant que l'été a été plutôt "chaud"...

> Le sujet "diversité" va évidemment rester d'actualité : bagarre entre sondages contradictoires, "petites phrases" et formules-choc  etc etc. Le sujet n'est pourtant pas nouveau mais les politiques ont tout fait pour l'ignorer depuis plein d'années. J'ai pourtant souvenir, dans les années 90, que, m'occupant de la campagne de com du recensement de l'INSEE, on nous demandait de bien vérifier que le casting du spot télé prenait en compte la "diversité" ... des visages ! En même temps, la question tabou était celle de savoir si, en recensant, on pouvait ou non "comptabiliser" les origines et les couleurs ! Le débat n'a pas beaucoup bougé !

> la rigueur et le pouvoir d'achat :   tout est dans le langage une fois de plus ! L 'usage du mot "rigueur" reste "difficile"; et on va raboter pour dix milliards de niches fiscales sans, évidemment, "augmenter les impôts"...

> affaires, procès et com. de crise : nul doute que le feuilleton Bettencourt  ( et quelques autres !) va continuer, d'autant que les syndicats de L'Oréal demandent à savoir pourquoi et comment la société verse plus de 700 000 euros par an à FMB et que le le contrat continue ! Mais on aura droit aussi au compromis Chirac-UMP-Ville de Paris puis à nouveau à Clearstream etc .

Et, comme d'habitude, les responsables de tous bords continueront de dire régulièrement que ... c'est la faute aux media" !

PS : France Televisions a, en Rémy Pflimlin, un nouveau président, un vrai professionnel qui sait écouter et "manager". Curieux quand-même que, ayant considéré que l'on ne pouvait être à la fois directeur de l'information et à l'antenne (ce qui, pour moi, est une évidence) et ayant donné le choix à Arlette Chabot, certains aient annoncé qu'il l'avait "démise de ses fonctions"...

RETRAITES, BETTENCOURT ET AUTRES : LES FRANCAIS VEULENT DE L'EQUITÉ !

Ce qui se passe actuellement - que ce soit "les" affaires Bettencourt, la réforme des retraites ou plein d'autres sujets - me rappelle une récente conversation avec un responsable de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) : il me disait que ce qui ressortait le plus des débats terrain menés ces derniers mois par la Commission était le besoin d' EQUITÉ...

Evidemment, lorsque l'on parle d'une infrastructure, d'un aéroport ou d'une ligne TGV, la demande d'équité est plutôt de l'ordre "territorial" : pourquoi chez moi et pas chez les autres ou... l'inverse ! N'empêche...Ce concept d'équité est bien, semble-t-il, une des demandes les plus fortes dans une période de crise et de difficultés...

Un concept qui devrait fortement faire réfléchir les communicants de tous horizons.

AFFAIRE WOERTH ET LES AUTRES... ET COMMUNICATION DE CRISE !

Ce qui se passe tous ces jours-ci à propos de "l'affaire" Woerth mais aussi des cas Christian Blanc etc doit nous faire fortement réfléchir sur la fameuse "communication de crise" ! D'autant que, au moins dans le cas d'Eric Woerth, rien ne permet de penser aujourd'hui qu'il aurait commis quelque chose d'illégal au sens juridique du terme.

Premier constat : l'approche de certains ( ou certaine) gourous de la com ayant pour premier réflexe de dire à leur client qu'il "faut porter plainte" (je l'ai vécu avec eux sur d'autres dossiers) ne tient plus du tout la route !  D'ailleurs, M. Woerth, après l'avoir dit une première fois, n'en a plus du tout parlé !

Surtout, essayons de nous interroger sur les racines de ce qui se passe car, après tout, tous nos gouvernants, de tous bords, ont tous eu  (ou auraient pu avoir !) ce genre d'affaire ... :

 1- c'est banal mais  il existe désormais toute une série de média et moyens technologiques (facebook, le buzz, twitter, Mediapart etc) qui transmettent très vite ces infos. Et, dès lors, les "grands media" (radio, télé ou presse écrite) sont obligés de répercuter ou même, lorsqu'ils le peuvent, de précéder en apportant eux aussi leur lot d'info (Le Monde, Le Point etc).

2- plus profondément, les "acteurs" "anonymes" n'hésitent plus à "raconter" ou à transmettre l'info. Certes, ils peuvent le faire parce qu'ils savent que les media "ad hoc" existent ; mais, plus encore, ils ont envie de le faire car ils sont de plus en plus choqués par ce qu'ils voient ou entendent, notamment en période de crise et d'inégalités croissantes ! Avant, chacun se taisait dans son coin ; aujourd'hui, comme dit Eric Fottorino, chacun a envie "de crier" ...

La leçon vaut pour tous, responsables comme institutions et entreprises :

> plus rien ne peut rester caché longtemps ou indéfiniment ( cf les quantités de pétrole réellement répandues par BP, les suicides chez France Télécom ou d'autres, le trader "ivre" sur le pétrole ou Kerviel etc etc ) .

> il ne s'agit plus de simplement de "gérer des crises" mais de les anticiper ou, plus encore, de faire en sorte  qu'elles n'aient pas de raison de naître....!

Dès lors ce que certains appellent les "conflits d'intérêts", d'autres la "responsabilité politique", d'autres encore la  "responsabilité sociale" sont un seul et même sujet : ce sont les comportements qui sont en cause et le public  accepte de moins en moins qu'ils ne soient pas "responsables"...

On m'accusera sans doute de naïveté. D'autres me diront que, dans quelques semaines, on n'en parlera plus et que tout ... continuera. Certains me diront  aussi que la recherche du profit et de l'intérêt personnel sont inscrits dans les gênes de l'économie de marché à laquelle je crois profondément. Il n'empêche que, à force de se contenter de "gérer des crises" sans modifier les comportements, le système risque fort de finir par scier sa propre branche !

LE MONDE, LES ECHOS, STEPHANE GUILLON, DIDIER PORTE : DE L'INDEPENDANCE DES MEDIA....

Nul ne conteste que l'indépendance des media est un élément clef de la démocratie... 

Plusieurs faits -parfois contradictoires - dans l'actualité de ces jours-ci  sur ce sujet :

> la recapitalisation du Monde : quel sera le critère final de choix entre les deux dossiers ? La logique financière ? La logique "industrielle" ?  La logique d'"indépendance" à la lumière des interférences  politiques( quel président de la République, j'en sais quelque chose, , n'a pas cherché à peser sur les hommes à la tête des media influents ?) ? A suivre....

> le code d'éthique publié ces jours derniers par Les Echos : lecture d'une pleine page passionnante où l'on sent bien, derrière chaque ligne, ce qui a été pesé et ardemment débattu. Exemple : de quelle façon le "patron" du journal (en l'occurence Nicolas Beytout), représentant l'actionnaire LVMH, a-t-il  le droit de s'exprimer et signer dans le journal ? Ou bien comment la rédaction traite-t-elle les infos relatives au groupe LVMH et ses filiales etc etc ! Tout y est consigné  y compris le problème des cadeaux reçus par les journalistes ou les frais des voyages de presse ... sauf le plus important  : comment est choisi (et éventuellement "remercié") le Directeur de la rédaction, garant réel de la ligne éditoriale...

> la "matinale" de France Inter : ok, Nicolas Demorand s'en va pour "raisons personnelles"... Mais, cette-fois-ci c'est officiel, Stéphane Guillon aussi ....  Et puis aussi Didier Porte ! Qu'on les aime ou qu'on les aime pas,  et indépendamment du taux d'écoute de  France-Inter, le  débat  est ouvert !

LES BLEUS LACHES PAR LEURS SPONSORS !

Certes, les Bleus sont dans un salle état et "l'opinion" fait triste mine. Voilà même le Gouvernement qui s'en mêle !

Et voilà aussi le Crédit Agricole et Toyota qui annoncent qu'ils suspendent leurs pubs de "sponsors". Je comprends un peu leur réaction mais... je pensais que, lorsqu'on sponsorise, c'était "pour le meilleur et pour le pire"...

Heureusement ,Addidas et Carrefour restent, pour l'instant, fidèles au poste (... de télé !). Cela me parait, malgré les circonstances, une attitude plus digne !

GESTION DE CRISE : QUAND LES "AFFAIRES" N'ONT PLUS DE SECRET !!!

Certes, les technologies nouvelles de "communication" (blogs,  web, enregistreurs, caméras de surveillance, portables géo-détectables, ADN  etc) ont leurs limites, leurs excès et leurs dérives. Mais l'actualité nous montre aussi, c'est désormais une évidence, que plus grand'chose ne peut rester "secret" . Quelques exemples : 

- les propos tenus dans les vestiaires des Bleus,

- les conversations entre Mme Bettencourt et son  "gestionnaire",

- les achats de cigares de Christian Blanc,

- ce qui se passe exactement dans une salle de marchés,

- les quantités de pétrole réellement répandues dans l'accident de la plate-forme BP,

- les rétro- commissions dans l''affaire Karachi",

- les propos tenus, "hors de leur contexte", par M. Hortefeux

etc etc

Sauf, et encore,  à procéder  constamment comme naguère les grands espions qui faisaient des kilomètres pour échapper à toute filature, les acteurs "publics" et autres responsables  (mais aussi les entreprises et les marques) devront désormais prendre encore plus de précautions ou...., rêvons un peu, s'astreindre à un peu plus d'éthique dans leurs comportements !

Cela vient aussi confirmer une règle absolue de gestion de crise : ne jamais dire quoi que ce soit qui se révélerait finalement faux...Dans beaucoup des cas ci-dessus ( BP tout spécialement ), la règle n'a pas été respectée ! Mais cela oblige à aller plus loin : la "gestion de crise" sera de plus en plus l'anticipation des crises...

NAOURI/PUBLICIS VA-T-IL CONSEILLER NAOURI/CASINO ???

Curieuse coincidence : le même jour, chez Publicis,on apprend que  Jean-Yves Naouri prend du galon et, sur France Inter, Daniel Mermet, le fameux (!), consacre deux émissions successives à l'AG des actionnaires de Casino et à son Président Jean-Charles Naouri...

 Les tenants de la communication corporate ne peuvent que se réjouir de voir que Jean-Yves Naouri, qui a  créé et été président de Publicis Consultants il y a une quinzaine d'années, prend du galon comme "chief operating officer" du Groupe Publicis.

Après le cas d'Eric Zajdermann qui avait pris la tête de Lowe France (il en est parti depuis pour démarrer une nouvelle aventure), voilà donc un autre homme passé par le Corporate qui accède à des responsabilités très élevées d'un groupe de culture publicitaire. Il est vrai que, après les propos d' il y a quelques jours de Maurice Lévy dans Le Monde (voir ma note  précédente sur ce sujet !), cela a d'autant plus de sens ! Souhaitons lui plein succès !

Et puis, deux jours de suite, Daniel Marmet et sa fameuse émission "Nulle part ailleurs", tend ses micros à ses acolytes et à des  actionnaires/ex collaborateurs de la société à l'AG des actionnaires de Casino. Et l'émission "égratigne" très sérieusement Naouri, le Président. Je ne partage de loin pas certains des excès des émissions de Mermet même si elle est presque toujours une "fenêtre" bien précieuse. En l'occurance, les propos tenus ne sont pas sans fondements... Peu importe de savoir si ce Naouri là est bien  "le QI le plus élevé de France" , comme le qualifie Alain Minc (qui se considère pas trop mal placé sur ce sujet là). La question posée chez Casino est sous-jascente dans bien des groupes actuels et interpelle les communicants : jusqu'où les résultats financiers passent-ils avant le climat interne de l'entreprise et "la vie" de ses collaborateurs ? Le bien-être et la considération vécue par ces collaborateurs sont-ils ou non , au-delà même de l'aspect strictement humain, des éléments de réussite, de développement et de succès de l'entreprise ? Jusqu'où le dialogue et l'interpellation des dirigeants sur ces sujets est-elle possible et acceptable ?

 Voilà quelques belles questions de fond sur lesquelles, après tout, le Naouri/Publicis pourrait peut-être exercer ses talents auprès du Naouri/Casino...

QUAND MAURICE LEVY PREND LA PLUME ET PRÔNE L'ETHIQUE....

Quand le Président du Groupe Publicis prend la plume sur plus d'une demie page dans Le Monde (daté du 28 mai), il faut lire avec attention. D'autant qu'il est aussi maintenant Président de l'Association  française des  entreprises privées, l'AFEP (en gros, les entreprises du CAC 40 et assimilées) .

Et on ne peut que se réjouir de le voir écrire : "grâce à nos jeunes, ou à cause d'eux, de leur vigileance, nous savons que les entreprises du XXIè siécle seront éthiques ou ne seront pas".

De même lorsqu'il dit : " les marques devront apprendre à vendre des produits et des services qui non seulement correspondent mieux aux besoins de demain , mais respectent toutes les parties prenantes : le consommateur mais aussi le citoyen; l'actionnaire mais aussi le salarié. Tous". Les tenants de la "communication corporate" ne disent rien d'autre ... depuis vingt ans au moins. Il faut donc se féliciter que l'un de nos plus grands publicitaires rallient ce point de vue ... pour l'avenir !

Là où je deviens plus sceptique, c'est lorsqu'il considère que cela se fera "tout seul" par la seule pression des jeunes : "la démocratie digitale", dit il encore, vaut bien des autorités de régulation. Et ce qui est vrai pour les entreprises et les institutions ne l'est pas moins pour les marques"... Voire ! Pourquoi, diable, alors, ressent-on aujourd'hui le besoin de plus de régulation ... ? "Cette croissance, dit il encore, et ces profits ne devront rien au cynisme, et naîtront de comportements sains ,  éthiques, prenant en compte les devoirs de l'entreprise vis à vis de ses salariés, de ses fournisseurs, de ses clients et de ses actionnaires, mais aussi vis à vis de la cité"...

Me voilà heureux pour quelque temps car, comme je le suppose sincère, j'ai trouvé plus naïf et plus idéaliste que moi ...!  A moins que, derrière le Président de Publicis, on retrouve, en fait,  le nouveau Président de l' Afep....

CLEARSTREAM, PASQUA, KERVIEL, POLANSKI etc : ET MAINTENANT, LA COMMUNICATION "JUDICIAIRE" !

Il y avait la communication de recrutement, la communication corporate, la communication publique, la communication financière etc, il y a désormais aussi, et de plus en plus, la communication "judiciaire" !

Certes, ce n'est pas totalement nouveau que les avocats ou les inculpés cherchent à mettre l'opinion de leur côté au bon moment d'une procédure judiciaire, notamment dans les grands procès d'Assises. Certes, ce n'est pas totalement nouveau non plus que les communicants aient à travailler en étroite liaison avec les avocats et les juristes : c'est le propre de la communication de crise, de celle des opérations financières et fusions/acquisitions ou de certains cas de diffamation !

Ce qui est plus nouveau, me semble-t-il, c'est le soin avec lequel cette communication "judiciaire" est désormais préparée, planifiée et mise en oeuvre :

> pour Clearstream, rappelons-nous la photo bien posée de Dominique de Villepin avec sa femme et ses filles !

> pour Charles Pasqua, l'homme politique n'a pas arrêté de nourrir la presse de ses "petites phrases" !

>pour Jérôme Kerviel, c'est un livre entier  (relu par l'avocat) qui sort un mois avant le procès et avec le plan de com ad hoc animé par l'Editeur !

> pour Polanski, c'est par le blog de BHL puis dans la presse que sort sa lettre dans un planning méticuleusement calculé !

Voilà ainsi  un nouveau terrain de développement pour les Anne Meaux, Michel  Calzaroni et quelques autres . A condition évidemment que les avocats ne cherchent pas à s'approprier et se réserver cet univers. D'autant que, pour l'avoir expérimenté, le co-pilotage "avocat-communicant" n'est pas nécessairement aisé .....