Nous venons d'assister à un très bel exercice de gestion de crise et de communication de crise (ce n'est pas la même chose !) de la part des Pouvoirs publics :
> la gestion de crise, c'est presque tout ce que l'on ne voit pas (l'achat et le "positionnement" des doses et vaccins par exemple),
> la communication, c'est ... la communication !
Dans les deux cas, ce type d'exercice public est complexe car il rassemble de multiples acteurs : Matignon et ses services, la Santé, la défense, l'Intérieur, l'Economie, les Transports, des prestataires etc etc. En l'occurence, les responsables concernés y travaillaient dur "à froid" , notamment depuis la grippe aviaire !
C'était donc , cette fois-ci, plutôt une "répétition" en vraie grandeur... Et pour une répétition, ou plutôt une "générale" avec du public, cela a été assez réussi .
Trois remarques ou questions pour le spectateur que je suis :
> techniquement, les placards de pub publiés par l'INPES et le Ministère de la Santé étaient curieusement en encre "orange", c'est à dire quasi-illisibles sur le papier journal des quotidiens... Mais, honnêtement, c'est un détail par rapport à tout le reste y compris la campagne radio plutôt excellente.
> plus important, le cafouillage initial sur le nom : mexicaine, américaine, porcine ... pour aboutir à grippe A. C'est tellement gros que c'est souvent le genre de chose que l'on ne pense pas à prévoir dans un programme de crise. Surtout, ici, le problème est international et cela complique évidemment les choses >> à intégrer pour l'avenir. Après avoir envisagé des prénoms comme pour les ouragans, il semble que l'on utilisera l'alphabet ! Bonne leçon tirée d'une répétition !
> surtout, il y a le débat sur le "niveau de bruit" : en aurait-on fait trop pour ce qui s'est réellement passé ? Débat un peu inutile sous cette forme car personne ne peut dire si les choses se seraient bien passées quand-même si l'on en avait fait moins. Et, dans ces cas, il vaut mieux trop que pas assez.
A mes yeux, le problème du niveau de bruit se pose un peu autrement : les experts s'inquiètent de ce qui peut se passer à l'automne, période propice aux pandémies de grippe de toute façon ; certains nous annoncent même un risque de ... 30 000 morts possibles en France du fait d'une telle pandémie !
Dans ces conditions, si le danger revient effectivement, comment être à nouveau crédible alors que l'on ne peut plus tellement augmenter le bruit par rapport à ce qui vient de se passer. C'est certainement, en com, l'un des aspects les plus redoutables à travailler pour les prochains mois !
Merci beaucoup pour ce commentaire qui analyse avec pertinence ce que l’énonçais en termes simplistes !
Philippe Heymann
Rédigé par : philippe heymann | 18 juillet 2009 à 18:30
Une des clefs de réussite de cette opération de communication à la fois sanitaire et marketing prend forme à travers le témoignage misérabiliste.
Celui-ci valide le facteur temps, après celui de l’espace promulgué part internet. La temporalité insinue que les rescapés d’ailleurs feront les victimes d’ici.
Quand le doute responsable flirte avec la mise en quarantaine systématique, la société se replie sur elle-même tout en surveillant son voisin.
Dès que l’objet psychose laisse place à l’outil paranoïa, les présomptions deviennent des obsessions qui conduisent à la recherche frénétique d’un nouveau shoot d’information.
Rédigé par : sanglier | 17 juillet 2009 à 17:45