Discussion ces jours derniers avec plusieurs personnes - notamment François Gandouin, ex Dircom de Promodès, ADP, Lyonnaise des Eaux et maintenant Consultant) - qui me font par de leur inquiètude face au désintérêt actuel des entreprises vis à vis de la communication interne. Je partage tout à fait leur souci (voir mes notes précédentes sur le sujet).
Plusieurs constats :
> après la période des "Dircom triomphants", le balancier historique ramène de plus en plus souvent la com interne chez les DRH dont la fonction prend de plus en plus de poids. En soi, ce n'est pas forcément mauvais (voir plus bas). Mais les DRH sont actuellement accaparés par le recrutement et les hauts potentiels, les salaires/bonus/stock options et autres mécanismes, les réorganisations, les discussions syndicales etc et la com. interne vient un peu après.
> les patrons de toute taille sont d'abord préoccupés par ce que l'on appelle maintenant la "conduite du changement" qu'il s'agisse d'un rapprochement, des valeurs, d'évolutions technologiques ou organisationnelles etc. Dès lors, leurs premiers prestataires sont des conseils en organisation ou en ressources humaines : coaching, "accompagnement des managers", formation au travail en équipe ou en groupe projet etc sont des produits qui se vendent très bien en ce moment.
> la quasi totalité des entreprises sont maintenant dotées des principaux outils : journaux de tous types, newsletters, intranets, convention des cadres etc. Les dirigeants ont donc la conscience tranquille et ont le sentiment que tout est en place, oubliant que ce ne sont là que des moyens au service de concepts beaucoup plus profonds (la reconnaissance et la considération en premier lieu).
> la plupart des agences de com corporate ont largement délaissé ce champ ; là où, il y a une dizaine d'années, certaines avaient des pôles de "com de management" ou des "consultants com interne", cela devient de plus en plus rare. Certaines considèrent que leurs mêmes Consultants peuvent gérer externe et interne. Or cela revient, là aussi, à ne raisonner que produits de com là où cette discipline supposent des sensibilités et approches très différentes.
Pour moi, le vieux débat sur le rattachement vers la com ou vers les RH est depuis longtemps dépassé. De toute façon, la com interne ne peut être de qualité que si les deux y sont mêlés : au DG et au DRH de fixer les objectifs et la politique, à la com d'apporter son professionalisme de mise en oeuvre.
Encore faudrait-il d'abord que les hauts dirigeants s'y impliquent de nouveau !
A mon avis, la com interne doit être rattachée à la RH. Il faut bien qu'elle soit quelque part, et toute seule ou ailleurs, elle serait trop loin de la RH.
Mais il s'agit bien d'une spécialité à part entière : la com.
Le problème majeur de la com interne (accentué encore par le nom "management du changement") est le fait que les personnes qui en sont chargées ont oublié que c'était de la com. La com, ça veut dire communication : et ça implique un échange. ECHANGE ! pas sens unique ! Allons dans une boite normale, comme une autre. Posez des questions sur le journal interne aux personnes que vous croisez. Le journal est toujours vu comme "le journal du parti" avec son lot de doctrine, et en guest, l'employé du mois, le département à l'affiche ou autres stakhanovistes.
Résultat, il est trop "RH" et "dirigeants", pas assez proche des réalités.
Le problème de tous les outils de com interne, c'est qu'ils éloignent les gens entre eux. Paradoxal ? Non, car lorsqu'il est inscrit dans le journal que l'entreprise est partenaire de tel ou tel évènement, et s'associe à telle ou telle valeur, les employés ne le retrouvent pas autour d'eux. De plus, ils n'ont reçu qu'un bout de papier... et n'ont pas leur mot à dire ; alors ils s'en servent pour alimenter les moqueries envers "le grand patron".
Les blogs sont plus réactifs, plus interatifs, mais leur mise en oeuvre est limitée car elle a fait prendre en compte la com' interne d'un fait important : la com' interne n'est jamais à 100% interne. Sur Internet, le monde extérieur, les actionnaires, les clients peuvent "voir" ce qu'il se dit. Donc on ne dit plus rien, ou plus rien de vrai.
Et on revient à la GRH : Le problème est bien souvent que l'on veut tout enjoliver dans la com' interne. En parlant des problèmes, en acceptant les contradictions, on concerne les gens. En faisant ça oralement, on est dans le meilleur cas. N'oublions pas l'importance du management par les cordes vocales, les gestes, les attentions. C'est ça la com' interne. C'est aussi le climat social. Et accessoirement, on peut aussi trouver les solutions aux problèmes.
Dans mon école (pourtant le directeur du programme est un ancien DRH, prof de GRH), personne ne se parle. Oui oui, c'est bien une école de management. On a même supprimé le journal interne, trop cher, que personne ne lisait. L'info n'était pas là, pas assez en tout cas, mais ailleurs, dans les "on dit". Mais on n'a pas mis en place de blog, et personne ne vient vraiment nous parler. Pourtant en tant qu'élèves, je crois que nous devons réelement être managés comme des collaborateurs. Mais non. Ce qui manque le plus : les contacts. Et pour les créer : les locaux adaptés. Com' interne et architecture ? Oui, je pense, presque avant tout.
Désolé pour la non-structure du commentaire, réaction à chaud.
Rédigé par : Fañch | 09 février 2007 à 14:07