Le weblog de Philippe Heymann

LE FAR-WEST DE L'E-INFLUENCE !

Les exemples se multiplient pour nous montrer que, désormais, avec le web et le web 2.0, l'impact de la communication n'est plus forcément lié à la taille de l'audience à laquelle on s'adresse. Le cas le plus spectaculaire récent est évidemment l'affaire Bettancourt : il suffit que le site Mediapart sorte une info pour que ce soit repris partout. Mais, après tout, cela s'assimile encore à des Relations Presse !

Mais regardons l'univers des blogs : je connais plusieurs cas où un blogueur unique et solitaire (parfois même un retraité...) est devenu la personne la plus "écoutée" pour ce qui concerne un domaine entier qui, de fait, "appartient" à une grande institution ou même un Ministère. La tentation est alors grande, pour cette institution, de s'appuyer sur ce blogueur et  de s'attacher ses faveurs...

Les règles du jeu ne sont pas encore claires dans ce domaine ! J'ai entendu une grande agence proposer, face à un tel cas, de "nouer un partenariat" (le cas échéant avec financement) avec l'intéressé. Cela s'appelle pudiquement de l'"e-influence". Ses modalités peuvent être multiples : le rencontrer, l'inviter à visiter ou à faire un voyage dans sa sphère d'intérêt etc etc, j'en resterai là ! On en est tout à fait au Far-West qui a pu précéder une certaine codification des règles éthiques  qui existent maintenant très largement dans le domaine de la presse et dans les relations avec les journalistes. Sauf que ces derniers ont en général un employeur qui les rémunère en fin de mois, les rendant ainsi moins vulnérables....

 

Bref, ce n'est qu'un début et, inévitablement, les abus, les dérapages et les compromissions ne manqueront pas. Et les professionnels (en l'occurence certaines  agences de com et certains spécialistes d'internet) sont les premiers, avides de convaincre et gagner des clients et des budgets,  à proposer des solutions que l'on peut considérer comme "limites"... C'est évidemment le propre d'un Far-West mais les organisations professionnelles devraient peut-être prendre l'initiative de proposer certaines règles. Et si , une fois de plus, elles ne le font pas, qu'elles ne s'étonnent pas si, demain, c'est un législateur ou un régulateur qui le leur impose !

 

L'E-MAIL EST UN COMMUNICANT "DÉLICAT" !

L'Université de Chicago a réalisé l'an dernier une étude sur la compréhension réelle des e-mails par ceux qui les reçoivent. Le résultat est édifiant : dès que l'on y manie l'humour, le second degré ou ,tout simplement, la finesse... 56% des "lecteurs" n'identifient pas l'intention !

Conclusion : pour transmettre une info concrète, l' e-mail est parfait. Pour négocier, faire du subtil ou du charme, lancer des ballons d'essai etc... à éviter !

Résultat : le contact "perso", le téléphone et toutes "conference calls" ont encore de beaux jours devant eux !

L'ADMINISTRATION SE MODERNISE

S'est ouvert hier un nouveau site internet ( www.administration24h/24.gouv.fr) où sont regroupées quelque 600 démarches "administratives" en ligne. C'est une vraie innovation car :

> Tout cela est sur un même portail, quitte à ce qu'il renvoie sur les sites spécialisés >> Quand on ne sait pas où chercher... on est censé trouver ici.

> Ce sont des vraies démarches en ligne : on remplit le formulaire et... c'est fait ! En tout cas, on l'espère !

Ceci est tout à fait symbolique du travail de longue haleine qu'est en train de faire l'Etat pour se moderniser, sous l'impulsion de Jean-François Copé et de son équipe et de la Direction Générale de la Modernisation de l'Etat (DGME) à Bercy. Il se trouve que je travaille un peu sur ce dossier ; je peux donc témoigner "de l'intérieur" du fantastique effort qu'une initiative de ce type représente car il faut mobiliser et impliquer des dizaines et centaines de ministères, institutions diverses, collectivités etc. Cela rejoint d'une certaine façon ce que j'ai pu écrire récemment (en nettement plus gros !) sur le nouveau numéro de téléphone unique d'information pour la Chambre de commerce et d'industrie de Paris : la prise en compte de l'usager , de son accueil, du service qu'on lui doit. C'est un acte de communication concret (et ingrat) très puissant même si cela ne fait pas la une de la presse.

Et souhaitons que les futurs gouvernements, quels qu'ils soient, poursuivent dans cette voie.

LE WEB EST UN FAR-WEBST !

L'explosion du web est fort logiquement suivie avec attention et "volontarisme" par les annonceurs et les publicitaires. Plusieurs info de ces jours derniers me font réfléchir...:

- en France, 49,8% des "courriels" sont actuellement des spams ; le chiffre serait même de 63,4% au niveau mondial...

- les consomateurs ne sont pas hostiles à la démarche commerciale par e-mailing : 70% des destinataires conservent un courriel dont l'offre leur semble intéressante, selon l'enquête du Syndicat national de la communication directe (SNCD)... à condition que les offres correspondent à leurs attentes et que celles-ci ne soient pas perçues comme trop répétitives.

- le groupe Publicis vient à de racheter Digitas,le numéro un mondial de la com. numérique, et de créer Free-Thinking en France pour mieux suivre et répondre aux comportements des internautes et blogueurs...

Bon ! Il est tout à fait normal que les entreprises, les marques et les institutions - et du coup leurs agences - cherchent la meilleure façon de communiquer par le web ainsi que de répondre ou anticiper les attaques des blogueurs (ou adversaires et concurrents !). Mais je suis quand-même mal à l'aise face au développement de ce que l'on appelle le "marketing viral" ou de pratiques consistant à rémunérer de "faux blogueurs" pour diffuser la bonne parole sans annoncer la couleur ; d'autant que, parfois,les mêmes font de belles pub ou des chartes sur leur "responsabilité sociale ".
On peut d' ailleurs constater les mêmes phénomènes avec le téléphone fixe et les portables.

Je n'ai pas la solution et elle est difficile à imaginer ; et je ne suis pas favorable aux réglementations ! Mais je constate que, dans l'ensemble, la pressse écrite a à peu près résolu le problème par la mention "communiqué" ou "publi-rédactionnel" ou "publi-reportage"; la radio aussi par "c'était un communiqué de ..." ; et la télé à peu près ègalement même si les formules "ambigues" d'émissions tendent à se propager.

Ce dont je suis sûr : quand c'est le Far-West quelque-part, ça dure un temps ; et puis, à un moment, le shérif finit par se réveiller ! Et, à ce moment là, ceux qui ont abusé viennent pleurer contre les régulations et prôner l'auto-régulation... un peu tard !