Le weblog de Philippe Heymann

STEPHANE FOUKS ( ET QUELQUES AUTRES !) : LE REFLET DE NOTRE SYSTEME "BLOQUE" !

L'affaire Cahuzac a remis, une fois encore, Stéphane Fouks et Euro/Havas/Bolloré sous les feux de l'actualité. De fait Fouks ( que je ne connais pas) est, de l'avis unanime, un communicant brillant mais il est aussi le pur produit du système français qui fonctionne  au travers d'un bon millier de personnes éduquées ensemble, "grandies" ensemble et déjeunant et dinant ensemble à Paris, bref un système qui tourne en rond et a tout du système "bloqué"...

Le cas Fouks est effectivement emblématique même si l'on peut dire la même chose de quelques autres "grands communicants" et du système français en général :

- à la fac., il partageait les bancs avec notamment Manuel Valls, Alain Bauer et d'autres...Puis le militantisme politique a fait le reste...

- chez Havas, il est au coeur d'un système dont la France a l'exclusivité : un même groupe peut être à la fois agence de com.et de pub., acheteur d'espace, régie publicitaire et actionnaire de medias... et, qui plus est, grand opérateur de marchés publics en France ou en Afrique. On peut  dire la même chose de Publicis et, à part l'agence de pub, de Lagardère, de Dassault, de Bouygues etc Je sais bien que tout le monde proclame qu'il y a "muraille de Chine" entre les diverses activités. Mais, au moment où l'on parle de conflits d'intérêts, ça reste à voir...!

Ce système "en vase clos" n'est pas l'apanage du seul métier de la com. Après tout, même notre Président a sa promotion Voltaire. Et, dans le luxe, vous ne pouvez pas arriver très loin en dehors de LVMH ( comme par hasard propriétaire aussi de media), super distributeur de pub aux magazines et propriétaire des deux temples du luxe : Franck & fils dans le 16ème et le Bon Marché rive gauche...Même Pinault a du largement se rabattre sur des marques non-françaises ; et  Hermés a bien failli être avalé !

Je crois comprendre que la même situation existe dans la production/distribution cinématographique, dans l'optique etc etc.

Après cela, demandez-vous pourquoi tant de jeunes veulent partir à l'étranger pour "réussir" !

LA NOUVELLE REVUE DE LA COMMUNICATION PUBLIQUE : "PAROLE PUBLIQUE"

L'Association Communication Publique, qui continue à faire un travail de fond remarquable, vient de créer sa revue de la communication publique : "Parole publique".

Le  numéro 1 est prestigieux, avec de magnifiques signatures "incontournables" pour un premier numéro et un dossier sur les quartiers périphériques des villes...

Mais, à parler vrai, je n'ai vraiment réussi à entrer complètement dans  aucun article alors même que je baigne quand-même en permanence dans cete communication publique... C'est sans doute inévitable pour un numéro un... Mais, souhaitons ,pour la suite, des sujets plus "proches" et plus concrets et surtout aussi des textes nettement moins longs. Car il y a vraiment place pour une revue de ce type.

LE DIGITAL FAIT SAUTER LES BARRIÈRES INTERNES AUX ORGANISATIONS

Intéressante Tribune de Jérôme Goaer, directeur du département Communication financière de Publicis Consultants, dans le Stratégies daté du 28/03 sous le titre "PR offline/online : le mariage pour tous";

J'en retiens surtout la nécessité de créer les "passerelles suffisantes entre les fonctions régaliennes de l'entreprise : la communication externe, les relations presse, le marketing, la communication financière, la communication interne...".

Car, en effet, tous se tournent désormais vers  le digital et les réseaux sociaux  ; ceux-ci concernent tout autant les investisseurs ou actionnaires, les clients, les jeunes à embaucher, les parties prenantes diverses, les salariés; or Faceboook, Twitter ou les autres ne peuvent guère se découper en morceaux; et tous peuvent avoir besoin de la vidéo tournée par tel autre service de l'entreprise...

Comme dit l'auteur de la tribune, " cette interaction au sein même de l'organisation des entreprises est et deviendra demain plus que jamais cruciale."

Du pain sur la planche !

MEDIA SOCIAUX : ENCORE DU CHEMIN A PARCOURIR !

Sous le titre "Structuring a social media team", Ragan/NASDAQ OMX Corporate Solutions Nasdaq OMX Corporate Solutions et Ragan viennent de publier un "lIvre blanc" issu d'une enquête au près de 2714 personnes dans des entreprises et organisations de toutes tailles. Les résultats montrent qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour intégrer vraiment ce nouel univers dans la communication corporate.

Quelques résultats extraits de cette étude :

+ pour 27% seulement des répondants, il y a vraiment une équipe exclusivement chargée des media sociaux ; et dans 65% des cas, cela vient en plus du boulot normal,

+ quand une équipe existe, elle est  ,dans 83% des cas, de une à   trois personnes,

+ les réseaux les plus suivis sont, sans surprise, Facebook (78%) et Twitter (69%). Ensuite, cela tombe vite....,

+ dans 86% des cas, on surveille ce qui est dit sur l'entreprise et à 77% sur le secteur d'activité ; ce que font ou disent les concurrents tombe déjà à 57%,

+ et ... 30%  considèrent qu'ils s'adaptent aisément aux évolutions ; les autres ...

Au total, il y a certes encore du chemin à parcourir mais il est bien amorcé. Et les agences et prestataires spécialisés ont encore un bel avenir devant eux !

 

EN COM. INTERNE, IL FAUT DONNER DU TEMPS AU DIALOGUE.

Les Cahiers de la Communication interne, publiés par l'AFCI, ont consacré un excellent récent numéro au thème "Information interne : la nouvelle donne". Et l'Editorial signé de Françoise Piet-Servant, rédactrice en chef, pointe plus spécialement la nécessité d'"institutionnaliser le temps du dialogue".

J'en extrais quelques citations qui me paraissent importantes :

- "cette tyranie de l'instant qui oblige les salariés à se concentrer sur la réponse immédiate à l'immédiat détruit de façon insidieuse les relations humaines et le sens du collectif",

- "les principes fondamentaux de la fiabilité des décisions reposent sur la durée. L'un d'eux est le débat contradictoire" ( Christian Morel dans "Les décisions absurdes, comment les éviter" chez Gallimard).

- "le temps génére  de la fiabilité et favorise la confiance".

A lire, tout cela paraît évident. Dans la pratique,cela devient bien rare et... on en voit les  conséquences et les résultats !

LES PROJETS, LES EFFORTS ET LES REORGANISATIONS PASSENT PLUTÔT MAL ...EN HIVER !

Quand j'étais chef d'entreprise, j'ai toujours constaté que, dans les entreprises et dans toutes les "organisations", il vaut mieux éviter les réorganisations, demandes d'effort ou projets difficiles en hiver et au moins jusque fin mars...C'est une période où tous les gens en ont "marre", où les journées sont courtes et la lumière faible et où tout le monde attend le retour du ciel bleu et du soleil !

Dès que le soleil revient (même seulement pour quelques jours parfois...), le sourire revient aussi au rythme où les terrasses de bistrots se remplissent ! Et... ça change tout !

Cette règle s'applique probablement aussi aux politiques qui s'adressent à l'opinion publique. Si on prend cela en compte, il faut alors bien admettre que tout discours d'effort, d'austérité puis d'espoir n'a aucune chance d'être entendu  en ce moment et qu'il vaut mieux attendre ... plus de soleil !

VIANDE DE CHEVAL : LA RESPONSABILITE SOCIALE NE SE DECOUPE PAS EN MORCEAUX !

L'affaire de la viande de cheval - au-delà du "scandale", des faux étiquettages et du fait que la viande de cheval a aussi ses qualités - s'invite alors même que tout le monde  brandit à tout bout de champ la  RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise) : à croire ce qu'on lisait, les Picard, grandes surfaces diverses et autres Buitoni étaient déjà  à la pointe de la RSE....

Certes, officiellement et légalement, ils ne sont pas responsables de la tricherie ; mais j'ai du mal à croire que la "profession" ignorait totalement ce qui se passait...Bref, quand on parlait RSE, on  entendait surtout Environnement, Actions sociétales, parfois aussi - mais c'est déjà moins évident- RH et attitude vis à vis des collaborateurs. Voilà donc maintenant l'arrivée de la "markethic" comme dit Marc Jacouton, président du cabinet RSE Développement, dans Stratégies. Et Picard  déploie déjà  ses pages de pub pour décliner le concept.

Bref, si tout cela fait avancer les choses, tant mieux même s'il reste du pain sur la planche à peu près partout . On va peut-être peu à peu assimiler que cette RSE ne se découpe pas en morceaux et ne peut  nécessairement qu'être tous azimuts. Sans cela, elle finit toujours par vous rattrapper.

OU LES DIRCOM DEVIENNENT DES "MAÎTRES DU MONDE" ....

Voilà donc maintenant les Dircom classés  au niveau mondial par The Holmes Report qui établit la liste des 100 directeurs de la communication les plus influents au monde...

Et parmi eux six Français ! A savoir : Valérie Bernis (GDF Suez), Sixtine Bouygues (Commission européenne), Marie-Noelle Brouaux (Carrefour), Béatrice Dautresme (L'Oréal), Jacques Saulnier (Areva) et Antoine Sire (Société générale)...

J'imagine leur fierté. Mais, jusqu'à présent, j'avais toujours pensé que les meilleurs Dircom étaient justement ceux qui arrivaient à s'effacer derrière leur entreprise et son image. J'ai du me tromper !

DSK ET MARCELA IACUB : UNE CURIEUSE COMMUNICATION DE CRISE !

Je comprends bien que DSK s'offusque de la sortie du livre de Marcela Iacub et du battage fait autour, surtout lorsque l'Observateur reconnaît lui-même qu'il faut aussi "vendre du papier"....

Mais, si l'on regarde cela sous l'angle médiatique, une telle assignation est le meilleur moyen pour que tout le monde en parle  une nouvelle fois et deux fois plus et pour que le livre, s'il n'est pas interdit, se vende encore plus... Dans ce genre de situation, il faut toujours se demander comment l'incendie peut le mieux et le plus vite  s'éteindre.

Curieuse gestion de la communication de crise pour quelqu'un qui a toujours été très entouré de communicants de haut niveau... A moins, ce que j'ignore,  que l'objectif réel soit de  récupérer deux fois 100 000 euros comme ses avocats le demandent . Dans ce cas, voilà une "affaire" qui aura rapporté gros à tout le monde ! 

LES AGENCES DE PUB CHERCHENT (UNE NOUVELLE FOIS !) LEUR NOUVELLE ORGANISATION....

Cela revient périodiquement tous les 4/5 ans... : des voix s'élèvent pour annoncer que l'on change "radicalement" l'organisation de l'agence !

La vague précédente concernait l'émergence du web : où et comment le positionner dans l'organisation  dès lors que, désormais, il est partout. Sur le sujet, on a tout entendu à commencer par la décision de le mettre oubien partout oubien  "au centre" ! : du planning stratégique à la création en passant par etc etc. C'est vrai, il est désormais partout mais, honnêtement, je n'ai pas vu beaucoup changer l'organisation... Dès que l'on parle web, ce sont toujours aux "spécialistes" que l'on  recourt même si, désormais, le Directeur de création a aussi son mot à dire sur la créa des bannières et des sites ! Et il faut bien reconnaître que les changements se font à une telle vitesse que l'on voit mal  comment des gens qui ne sont pas totalement immergés dans l'univers internaute pourraient rester au courant et à la pointe !

Le nouveau débat du jour porte sur la Création...En Janvier, Patrick Corrigan de Dufresne Corrigan Scarlett annonçait qu'il passait "de la pyramide au cercle".... "Dans une agence de publicité, le système pyramidal d'ascension des échelons est destructeur de créativité et de valeurs". D'où une structure ouverte et circulaire : "il sagit d'un hub composé de planneurs stratégiques et de créatifs auquel se connectent les différentes entités."

Plus récemment, c'est TBWA Paris qui a annoncé la suppression du poste de Directeur de Création... Quelle audace de s'attaquer à un tel tabou ! L'idée est de disposer d'un "pool" de directeurs créatifs qui travailleront client par client sans que cela passe forcément entre les mains du fameux Directeur de création unique ...Les mauvaises langues se sont vite mises à dire que c'était une façon de ne pas remplacer le job vacant et d'économiser un poste particulièrement onéreux ! Mais c'est un vrai sujet :  selon le client ou le sujet ou le produit ou la nature de la campagne (sans même parler de la disponibilité des équipes au moment nécessaire), ce n'est pas forcément le même homme qui peut "impulser" l'idée nouvelle. Encore faut-il qu'il y ait bien quelqu'un au sommet de l'agence ou ailleurs qui connaissent suffisamment bien ses créatifs et les "ressorts" de la création pour faire le bon choix de la bone équipe...Et ce quelqu'un, finalement, ne joue-t-il pas le rôle principal du Directeur de Création ? Des voix se sont d'ailleurs immédiatement élevées pour prôner l'avantage des agences où le patron est  lui-même un créatif...

Bref, le débat sur la meilleure organisation et sur la Création n'est pas prêt de s'achever. D'autant que, aujourd'hui, il s'agit peut-être de se montrer d'abord capable de souplesse et d'aptation permanente dans l'organisation...