Le weblog de Philippe Heymann

LE VAUDOU S'EN PREND AUX BANQUIERS FRANCAIS !

Je suis très attaché aux "signes" , qu'ils soient envoyés par l'émetteur ou par le "public". 

En l'occurence, je passais l'autre jour boulevard Pereire. Tout à fait normalement, à chaque carrefour, il y a une plaque indiquant le nom de chacun des deux frères Pereire, suivi de leurs dates et de la mention "banquier"...

Sur l'une des plaques, pas loin de la gare Cardinet, quelqu'un y avait accroché une... poupée vaudou....

Un "signe" qui en dit long sur l'état de l'opinion !

Un sacré boulot de remise en cause et de communication en perspective ! 

LUC CHATEL, EDF, BNP-PARIBAS, TOTAL : MES QUATRE COUACS DE COMMUNICATION DE L'ÉTÉ ....

L'été est assez généralement calme en com corporate et institutionnelle. Et cela fut plutôt le cas  durant ce mois d'août. Les quelques couacs que j'ai relevés n'en ont que plus d'écho !

Dans le désordre et ... sans commentaire, voici mes palmes :

> Luc Chatel et les "clients/salariés" d'une grande surface .... : c'est vrai, lorsqu'un ministre se déplace, son cabinet (avec parfois l'aide de son agence) "vérouille tout"... A force de tout vérouiller, on en oublie que , aujourd'hui, tout (ou presque) finit par se voir ou se savoir !

> EDF et ses augmentations de tarifs : alors qu'EDF continue imperturbablement à débiter et répéter son ennuyeuse campagne de "positionnement", on ne l'a pas vu ou entendu dépenser beaucoup d'"énergie" pour faire la pédagogie de ses augmentations de tarifs incompréhensibles qui vont continnuer à faire couler beaucoup d'encre.

> BNP-Paribas et les bonus de ses traders : j'avoue avoir du mal à comprendre... Il y a pourtant beaucoup de gens compétents dans ce groupe et ils doivent commencer à sentir les réactions qu'ils vont déclencher. Donc, plusieurs hypothèses :

- ou bien, ils ont cru que cela passerait et qu'ils n'avaient même pas besoin d'expliquer que c'était seulement une provision, qu'ils respectaient les direcives du G20 etc etc. Dans ce cas, ils se sont trompés une nouvelle fois et j'ai du mal à y croire. Car s'ils se trompent sur une situation aussi évidente, alors.....

- oubien, ils "savaient" et ont annoncé un milliard en sachant très bien que cela serait ramené à moins. Dès lors, on se moque du public et ... des clients !

- oubien , tout cela était totalement "pré-préparé" avec les pouvoirs publics et cela veut dire que à la fois les banquiers et l'Etat se sont moqués de nous.

Je vous laisse choisir votre scénario !

> les pépins de sécurité au travail  un peu partout : d'EDF (encore!) à Areva en passant par Total ou   les grands du BTP ou de l'environnement, les accidents se multiplient ! La seule  réponse pour l'instant : "nous avons constamment augmenté nos investissements en protection et sécurité". Comme si cela pouvait uniquement se résoudre par de l'argent. J'ai essayé de repérer quelles grandes entreprises "à risques" faisaient vraiment figurer la sécurité au centre de leurs valeurs, avec tout ce que cela signifie d'implication des dirigeants, de formation, de com interne , de ressources humaines etc etc . Je n'en ai pas encore trouvées ! Merci de me les signaler si vous en rencontrez sur votre chemin. En attendant, leurs dirigeants restent "inamovibles.....

Mais.... vous avez certainement, vous aussi, repéré quelques couacs de l'été ?

LES ECHOS SONT PLUS RIGOUREUX QUE LE MONDE !

Les Echos d'aujourd'hui consacre un supplément de trois pages  intitulé "Expertises" à la maladie d'Alzheimer. Le principe est à peu près le même que ce que fait Le Monde dans ses "Cahiers de la compétitivité" : des articles et interviews  (Mme Bachelot notammment dans le cas de ce jour)rédigés ou recueillis par des rédacteurs qui signent leurs papier et des pubs.

Je ne reviendrai pas , dans les deux cas, sur la supposée efficacité de ce genre de supplément illisible qui n'interesse que ceux qui y retrouvent leur nom ou ceux qui savent déjà mais veulent voir qui sont ceux qui ont parlé et/ou payé   !

Une différence importante pourtant entre les deux quotidiens : Les Echos annoncent clairement la couleur en inscrivant la mention "PUBLI REPORTAGE" en haut de chaque page. Rien de tel dans Le Monde où l'on se contente d'écrire en petit, en bas de la première page,  quelquechose du genre (je cite de mémoire) "ce supplément n'a pas été rédigé par la Rédaction du Monde"...

Bravo aux Echos !

L'EXPRESSION/COM FAIT BIEN SON TRAVAIL CORPORATE

Le magazine L'EXPRESSION/COM , anciennement L'expression d'Entreprise, créé et dirigé par Patrice Legendre, faite son 25° Anniversaire avec un numéro spécial. Certes, c'est un numéro spécial mais il faut, en tout état de cause, lui rendre un hommage permanent : c'est en effet, parmi les quelques magazines professionnels français de notre métier, celui qui accorde régulièrement la place la plus importante à la communication corporate et institutionnelle, à ses réflexions et à ses acteurs.

Bravo et merci à Patrice pour ce travail patient et de longue haleine !

LES MEILLEURS COMMUNICANTS DE LA CLASSE POLITIQUE...

L'agence de com corporate Vae Solis Corporate vient de publier une remarquable enquête qualitative sur le style et le message des personnalités politiques de tous bords. Il est vrai que son patron, Arnaud Dupui-Casteres, en connaît un morceau sur le sujet puisqu'il a travaillé dans des cabinets ministériels et rédigé un guide de crise publié par le SIG. C'est certainement l'une des études les plus intéressantes du genre car elle essaye d'aller au fond des choses, ne s'intéresse pas à la fameuse "notoriété" grand public et  a interrogé plus de 40 journalistes politiques.

Deux points à noter : 

- le Président de la République n'a pas été inscrit dans la liste; il est vrai que...

- l'étude a été faite entre septembre 2008 et avril 2009, donc avant certains "dérapages" de la campagne des Européennes...

Tout est intéressant mais j'en retiens quelques points :

> le top 5 des personnalités les plus citées comme étant les "meilleurs communicants", dans l'ordre : Ségolène Royal, Olivier Besancenot, Jean-François Copé, Xavier Bertrand, François Bayrou (!).

> le premier ministre cité arrive en 6° position et c'est Jean-Louis Borloo. C'est plutôt bien dans la mesure où les Ministres ont beaucoup de contraintes à assumer  Bernard Kouchner n'est cité qu'en 18ème position. Dans l'opposition, Martine Aubry   arrive en 20ème et  elle est devancée par cinq autres socialistes.

> personne n'a souhaité commenter la communication de ... José Bové !

> Nathalie Kosciusko-Morizet arrive en tête pour le "style" et Eric Worth pour le contenu du message.

A la suite de ces "classements", l'étude consacre une note à chacun, verbatim à l'appui.

Bref plus qu'intéressant.

AU FIGARO LA PALME DU TITRE "A MOITIÉ PLEIN"...

Dans la presse comme dans la communication, l' art du titre (notamment pour la Une) revêt une importance capitale . Habituellement, Libération a plutôt la palme de l'humour et Le Monde souvent celle du "faux jeton". Cette fois-ci, la palme va au Figaro dans le genre "à moitié vide, à moitié plein"...

Hier en effet,  rendant compte d'une enquête  sur l'opinion qu'ont  les Européens de leurs  leaders dans toute l'Union, sur plusieurs colonnes à la Une, le quotidien titre quelquechose du genre "plus de la moitié des Européens ont une bonne opinion de Sarkozy".

Ce titre est parfaitement exact puisque notre Président recueille plus de 50% (de tête ,je crois 51%) de bonnes opinions. Mais, dès le chapeau (heureusement !), on découvre qu'il est largement dépassé par Angela Merkel qui totalise plus de 60% de bonnes opinions  et arrive nettement en tête ! Pire : l'écart Merkel-Sarkozy (10 points environ) est  supérieur à l'écart  de 8 points Sarkozy-Gordon Brown (vous savez, ce premier ministre britannique semble-t-il "discrédité" qui fait quand-même 43%) . Bref, le titre "à moitié vide" , et encore plus exact, aurait pu être  : "Merkel dépasse Sarkozy dans l'opinion des Européens". Mais....

Et pourtant ce n'est pas  Madame Merkel qui a récemment assumé , comme notre Président, la présidence (certes réussie) de l'Union européenne. 

LA LIBERTÉ DE L'INFORMATION EN QUESTION....

La Revue Medias et les anciens HEC organisent la semaine prochaine une journée-débat autour de la liberté de l'information. Excellente initiative ! C'est un sujet ,certes pas nouveau, mais qui pose actuellement encore plus de questions.

Un regret pourtant : l'articulation du programme  et ses  intervenants apparaissent  tels que le débat semble prioritairement centré sur le racisme et notamment l'islam. Le sujet est bien évidemment fondamental et sans doute prioritaire. Mais les questions qui se posent aujourd'hui me semblent infiniment plus larges et concernent l'ensemble de la liberté de l'information (cf les discussions autour de France Inter, les changements à la tête de certaines rédactions, le statut d'ensemble des grands groupes de medias etc). Ces aspects sont aussi au coeur de notre actualité quotidienne même s'ils se sont posés sous tous les gouvernants.

 Espérons, en tout cas,  qu'ils ne seront pas oubliés ...

REXEL, DEVELOPPEMENT DURABLE ET ..."GREEN WASHING" ?

Rexel vient d'annoncer que sa Direction du Développement Durable sera rattachée à la Direction de la Communication. Ce n'est pas le seul cas...

Je ne connais pas la politique de DD de Rexel et sa "réalité" mais son rattachement à la com, à lui seul, crée un soupçon (sûrement injustifié !) de "green washing". Cela n'est pas forcément de bon augure  alors même que tout le monde jure que les mentalités sont en train de changer en profondeur !

LES STOCK-OPTIONS DE LA SOCIETE GENERALE : AUSSI UN RATAGE DE COM !

Je ne vais pas épiloguer sur le fond de l'affaire des stock options ; d'autres, bien plus autorisés , l'ont fait dès ce matin très tôt. Mais regardons les choses sous le prisme de la communication...

D'un côté voici donc une entreprise (et son Président, Daniel Bouton) qui , en quelque 18 mois, s'offre:

- l'affaire Kerviel,

- la crise,

- le procès du Sentier,

- le prêt apporté par l'Etat,

- la chute de son cours (tout comme tout le marché et les autres banques),

- le "rappel à l'ordre"  la semaine dernière des autorités US pour non-coopération dans les déclarations sur le blanchiement d'argent,

- les milliards finalement assumés par le contribuable US et apportés à AIG qui en reverse une partie à la Société Générale notamment,

et j'en oublie sûrement !

De l'autre, voilà :

- une AG d'actionnaires qui, en mai 2008 (donc avant le plus profond de la crise) autorise le conseil d'administration à attribuer des stock options ,

- un conseil d'administration qui se réunit le 9 mars (il faut quand-même bien faire tout cela avant la prochaine AG qui risquerait de revenir en arrière !) et qui les distribue à un grand nombre de nouveaux bénéficiaires ou nouveaux promus, y compris un paquet de 70 000 à son Président,

- un conseil qui sait forcément compter : si le cours ne fait que "mécaniquement" remonter de 50% dans les 4 ans qui viennent (ce qui parait tout à fait plausible et n'aura pas grand chose à voir avec l'action des dirigeants), cela  fait une plus value minimum de 1 000 000 millions d'euros pour Daniel Bouton,

- des responsables qui choisissent de faire publier  cela le jour même de la grêve générale d'hier, qui plus est le jour où Madame Parisot refuse de s'occuper du problème ,

-  les mêmes qui, face à la polémique soulevée, font immédiatement une annonce "trompre-l'oeil"  de "soit-disant" recul qui consiste à prendre les journalistes et donc l'opinion pour des imbéciles....

Et, après tout cela, ils vont certainement se plaindre d'être des incompris !

Les bras m'en tombent ! 

J'avais pourtant le sentiment qu'il y a à la Société Générale une bonne équipe de communicants et, qui plus est, de brillants conseillers/consultants en communication ( d'ailleurs les mêmes que ... Total >> voir ma note récente !)... Alors je ne vois que  quatre hypothèses :

1- ils ont fait une  grave erreur de stratégie et pensaiennt que la grêve occulterait leur communiqué,

2- les communicants  n'ont pas été mis au courant et cela pose alors un gros problème d'organisation et... de contrôle,

3- ils n'ont pas réussi à dissuader leur Direction générale et cela pose alors la question de leur rôle et de leur crédibilité !

4- ils savaient parfaitement ce qui se passerait et  ont cherché la provocation ou le "coup de pub" ! Après tout, il y a eu une époque où le fameux Jacques Borel expliquait que plus on critiquait l'un de ses restaurants, plus il avait de monde le soir même....

Finalement, sur ces 4 scenarii, le quatrième est le moins désobligeant pour la com ! Avec les trois autres, au-delà des faits eux-mêmes, il y a un problème de ce côté là  aussi ! J'aimerais comprendre....

TOTAL ET SES SUPPRESSIONS D'EMPLOIS : UNE VRAIE FAUTE DE COM. !

Manifestement, Total avait vraiment bien travaillé son dossier et, en d'autres temps, cela se serait peut-être passé "normalement" :

- des suppressions d'emplois étalées dans le temps et annoncées très en avance,

- aucun licenciement "sec" mais des non-remplacements de départs à la retraite et, sans doute, des pré-retraites ou départs volontaires,

- un plan d'investissement en France significatif

etc

Même si l'entreprise fait plein de  milliards de bénéfices, on ne peut lui reprocher de chercher en permanence à s'adapter et à évoluer. Et on aimerait que toutes les entreprises qui vont dans ce sens le prépare avec autant de soins et décide, d'emblée et non pas sous la pression, de n'envisager aucun licenciement sec ! Ce n'est pas forcément le cas chez Continental ou ailleurs !

Le hic est que cette annonce est venue  peu de temps après l'annonce des résultats et que l'atmosphère générale ne s'y prêtait guère. Les  premières réactions un peu brutales du secrétaire d'Etat , quoique très exagérées, en sont cependant le reflet. Etonnant quand-même pour une entreprise plutôt rodée à la gestion de crise. Même si son Président de Margerie vient d'être classé par les journalistes comme l'un des meilleurs communicants du CAC 40 (numéro 2 après Spinetta), cela reflète le chemin qui reste encore à parcourir pour que, même chez Total, la com soit réellement intégrée aux décisions stratégiques.

Reste à savoir si, derrière les apparences, ne se joue pas autre chose...?  L'Etat, en effet, s'apprête à imposer une nouvelle taxe à Total et autres pétroliers pour regarnir ses caisses. Certains murmurent que, en échange de cette taxation, Total va forcément demander des "compensations"...Et, dans ce scénario, l'annonce des suppressions d'emplois jouerait son rôle ! Mais,  ce ne sont que des rumeurs ! Où va donc se loger la com !