Pour être un joli coup, c'est un joli coup que le rapprochement Pubicis Groupe/Omnicom Groupe pour former le premier groupe mondial de publicité devant WPP. Et inattendu !
Le discours "officiel" est magnifique évidemment : une fusion "entre égaux" et qui servira à la fois l'intérêt des clients ( grâce notamment à une puissance d'achat media encore plus forte, les annonceurs seront censés payer leurs campagnes moins cher !) et ... l'emploi !
Certes, je n'en connais pas les détails ; et tout le monde sait que, une fusion, c'est avec le temps que l'on voit si elle réussit et... Pour qui ? En ce qui me concerne, j'ai quand-même pas mal de perplexités :
+ créer de l'emploi ? Voire ! D'abord, au-delà du discours, on n'a jamais vu une fusion qui ne commence pas par des compressions d'effectifs, ne serait-ce que dans les fonctions supports. Ensuite, parce que tant Publicis qu' Omnicom se sont historiquement développés plus par rachats successifs que par "croissance interne" créatrice d'emploi ! De plus, de ce que je connais (et pratique) de ces deux groupes, bon nombre des "patrons" passent plus de temps à surveiller le jeu de chaises musicales et à savoir qui prendra le job de qui qu'à créer des emplois ou s'occuper des clients ! Qui plus est, aucun des deux n'a jamais brillé dans le savoir-faire coexister des cultures différentes....
+ l'intérêt des clients ? Ils sont, en simplifiant, de deux sortes :
- les clients "achat d'espace" ( OMD pour Omnicom, Zenith et quelques autres pour Publicis) : là, je ne suis pas certain que, au point où l'on en est déjà, encore plus de taille aboutira forcément à des tarifs media encore plus bas ; ou alors ce sont les media qui vont "trinquer"...
- les clients "agences" : alors là, je m'interroge ! Car rien qu'en France, Omnicom a déjà au moins trois réseaux ( TBWA, DDB et BBDO) et Publicis un bon 5 ou 6 mini ( Publicis, Saatchi, Leo Burnett etc.). Nous voilà donc avec un même groupe coiffant pas loin d'une bonne dizaine d'agences rien qu'en France... On a beau nous raconter que, entre eux, ils ne se parlent pas...; c'est vrai au niveau des équipes opérationnelles mais ,quand des enjeux d'appels d'offres, de gains de budgets ou "autres" ,se présentent, les boss n'hésitent pas à en parler....Bref, dans des compétitions, on a de plus en plus de mal à éviter que, sur quatre compétiteurs, il n'y en ait pas deux du même groupe... On va finir, comme on commence à le voir, par commencer par choisir son groupe (ou son boss !) puis à mettre en compétition les agences de ce groupe ! Mais si, après tout, cela peut permettre à des agences moyennes de mieux émerger, tant mieux !
+ quant au consommateur... ( eh oui !), si j'en crois les propos même de Maurice Lévy, il s'agit de mieux peser sur les geants du Net pour qu'ils partagent avec les publicitaires les données "personnelles" dont ils disposent. Bref, encore un peu plus d'intrusion auprès du public qui la déplore déjà !
Alors ? Alors ? Certainement un bon coup pour Maurice Levy qui, passé les trente premiers mois, va garder la présidence ( ... non éxécutive !) du nouvel ensemble ; une bonne occasion pour Elisabeth Badinter d'être diluée et de pouvoir peu à peu sortir "discrétement" d'un groupe également coté aux USA. Un bon coup pour un groupe qui aura encore plus de moyens pour continuer ses emplettes, notamment dans le Digital !
Le reste..., à voir !
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