Curieuse coïncidence dans le dernier numéro de Stratégies mais bon reflet des interrogations ( ou des hypocrisies ?) en cours sur la fameuse "native " advertising... :
D'abord, pages 12 et 13, Yannick Bolloré, président d'Havas, après de belles tirades sur l'innovation et les data, conclut solennellement son interview : " Il faut bien différencier ce qui relève d'une part de la responsabilité éditoriale du média et d'autre part de la publicité. Il ne faut en aucun cas tenter de manipuler le consommateur ,si-non il se détournera des contenus de brand content"... Bravo ! Sauf, déjà, que j'ai assisté à des réunions où ses propres équipes essayaient de convaincre leur annonceur de l'intérêt de "négocier" un partenariat avec un quotidien gratuit en échange de 4 pages rédactionnelles sur le sujet qui est le sien et ce qu'il offre....
Et puis, quelques pages plus loin (p. 36 et 37), un très intéressant papier d'Amaury de Rochegonde titré " Les nouvelles frontières des webrédacs"... et consacré aux grands fournisseurs de "contenus " ( Melty Group, , CCM Benchmark, Reworld Media etc). Leurs responsables nous y expliquent que la logique traditionnelle du journalisme est totalement inversée : au lieu de rechercher la bonne info, les fameux "data" et algorithmes permettent de savoir en temps réel à quoi s'intéressent les internautes et donc de "fournir" de l'info sur ces sujets là en liaison étroite évidemment avec les annonceurs...On n'est plus "journaliste" ( pas question d'ailleurs d'en avoir la carte !) mais "responsable de chaîne" avec la maîtrise simultanée du "contenu" et de la "régie" : le rédacteur devient "éditeur" avec toute la responsabilité financière qui l'accompagne....: il s'agit de fait de "monétiser l'audience"....
Certes, ce n'est pas complètement nouveau . Comme dit le PDG de Webedia, "les frontières sont poreuses quand on traite de la mode ou du people avec Pure trend ou Pure People. Comme dans tous les féminins"...Sauf que cette "porosité" gagne peu à peu tous les secteurs... et devient la règle de travail !
Heureusement, il nous reste les beaux discours à la française sur le pluralisme de l'information, la liberté d'expression etc etc....
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