Tout ou presque a été dit, commenté, discuté sur les conditions de la mort de Ben Laden et l'action du commando qui a mené l'opération. Pourtant, Le Monde Magazine de cette semaine consacre opportunément une chronique à... la photo que tout le monde a vue : d'Obama et toute son équipe suivent l'opération en direct sur un écran à partir des images transmises par les caméras installées ... sur les casques des hommes en action.
Et ceci va tout simplement bouleverser la conduite et la communication de bien des crises publiques !
Certes, la technologie n'est pas nouvelle et les militaires et polices du monde entier en faisaient déjà largement usage . Et nous avons déjà la floraison des caméras de vidéo-surveillance.
Mais appliquons donc cela à toute une série de "crises" ou de situations dites "sensibles" : une manifestation en plein Paris, un grand incendie ou une inondation, l'opération chirurgicale d'un personnage important, un entretien diplomatique délicat etc etc . Cela veut dire que les responsables "supérieurs" (un Président, un Ministre, un Préfet de police sans même parler d'éventuels "intrus") sont désormais en "direct visuel".... Qu'ils le veuillent ou non, ils deviennent encore plus "responsables" et cela en temps réel ... Dans le cas présent, c'est sur Obama lui-même qu'aurait reposé à chaque seconde l'éventuelle décision de décrocher, de modifier l'objectif etc etc. Plus besoin, pour tel Ministre, de sortir de la salle de réunion de Bruxelles ou ailleurs, pour prendre ses instructions ....; il les aura en direct !
Cela, c'est clair, apporte une dimension totalement nouvelle dont je ne mesure pas encore toute l'étendue à la gestion de crise et évidemment à la communication de crise. Déjà, le débat qui entoure la publication des photos de Ben Laden en est une illustration. Et, demain, CNN et d'autres ne vont-ils pas là aussi être "en direct" ? On avait déjà les photos et vidéos diffusées en direct des téléphones portables ; c'est bien ce qui s'est passé et se passe en Tunisie, en Egypte, en Lybie, en Syrie et ailleurs...Mais les "dirigeants" avaient encore un temps de retard face au phénomène. Voilà qu'il est comblé !
Conséquences ? D'abord un besoin de dirigeants aux nerfs plus que solides encore plus capables de répondre "en temps réel" de façon "responsable" aux situations les plus diverses. Ils avaient déjà le téléphone rouge ou le "bouton" de l'arme nucléaire ; mais, même là, ils pouvaient encore avoir quelques minutes pour réfléchir ! Ici, plus question ! Avec, simultanément, le risque de "deresponsabilisation" croissante des échelons inférieurs et concentration encore plus forte des décisions vers le sommet !
Et puis, une "chaîne" de communication encore plus courte, réactive, responsable aussi. Pour y répondre, deux solutions déjà :
1- des communicants de très haut niveau et encore plus impliqués en amont tout près des plus hauts dirigeants.
2- un travail encore plus systématique d'anticipation sur les "scénarios de l'impossible" balayant le maximum de situations pour être le mieux préparé possible ... tout en sachant que la réalité sera sans doute encore différente !
Bref ... à méditer soigneusement !
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