Ce qui se passe tous ces jours-ci à propos de "l'affaire" Woerth mais aussi des cas Christian Blanc etc doit nous faire fortement réfléchir sur la fameuse "communication de crise" ! D'autant que, au moins dans le cas d'Eric Woerth, rien ne permet de penser aujourd'hui qu'il aurait commis quelque chose d'illégal au sens juridique du terme.
Premier constat : l'approche de certains ( ou certaine) gourous de la com ayant pour premier réflexe de dire à leur client qu'il "faut porter plainte" (je l'ai vécu avec eux sur d'autres dossiers) ne tient plus du tout la route ! D'ailleurs, M. Woerth, après l'avoir dit une première fois, n'en a plus du tout parlé !
Surtout, essayons de nous interroger sur les racines de ce qui se passe car, après tout, tous nos gouvernants, de tous bords, ont tous eu (ou auraient pu avoir !) ce genre d'affaire ... :
1- c'est banal mais il existe désormais toute une série de média et moyens technologiques (facebook, le buzz, twitter, Mediapart etc) qui transmettent très vite ces infos. Et, dès lors, les "grands media" (radio, télé ou presse écrite) sont obligés de répercuter ou même, lorsqu'ils le peuvent, de précéder en apportant eux aussi leur lot d'info (Le Monde, Le Point etc).
2- plus profondément, les "acteurs" "anonymes" n'hésitent plus à "raconter" ou à transmettre l'info. Certes, ils peuvent le faire parce qu'ils savent que les media "ad hoc" existent ; mais, plus encore, ils ont envie de le faire car ils sont de plus en plus choqués par ce qu'ils voient ou entendent, notamment en période de crise et d'inégalités croissantes ! Avant, chacun se taisait dans son coin ; aujourd'hui, comme dit Eric Fottorino, chacun a envie "de crier" ...
La leçon vaut pour tous, responsables comme institutions et entreprises :
> plus rien ne peut rester caché longtemps ou indéfiniment ( cf les quantités de pétrole réellement répandues par BP, les suicides chez France Télécom ou d'autres, le trader "ivre" sur le pétrole ou Kerviel etc etc ) .
> il ne s'agit plus de simplement de "gérer des crises" mais de les anticiper ou, plus encore, de faire en sorte qu'elles n'aient pas de raison de naître....!
Dès lors ce que certains appellent les "conflits d'intérêts", d'autres la "responsabilité politique", d'autres encore la "responsabilité sociale" sont un seul et même sujet : ce sont les comportements qui sont en cause et le public accepte de moins en moins qu'ils ne soient pas "responsables"...
On m'accusera sans doute de naïveté. D'autres me diront que, dans quelques semaines, on n'en parlera plus et que tout ... continuera. Certains me diront aussi que la recherche du profit et de l'intérêt personnel sont inscrits dans les gênes de l'économie de marché à laquelle je crois profondément. Il n'empêche que, à force de se contenter de "gérer des crises" sans modifier les comportements, le système risque fort de finir par scier sa propre branche !
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