Maurice Lévy, le Président du groupe Publicis, vient de prendre la présidence de l'Association française des grandes entreprises (en gros, le CAC 40 !). C'est un bel hommage pour notre profession car, jusqu'ici, on n'y imaginait guère qu'un industriel comme Président, dans cette enceinte créée à l'origine par l'incontournable Ambroise Roux.
Certes, au-delà du mérite personnel de Maurice Lévy et de l'extraordinaire tissu relationnel qu'il a développé au fil des années (y compris le rachat du Symposium de Davos !), ce n'est pas anodin : un gros boulot indispensable l'attend sur l'image des dirigeants et il le sait et l'a dit immédiatement.
C'est là un problème de communication particulièrement compliqué pour des tas de raisons :
> en soi, peu de gens contestent la qualité "professionnelle" , stratégique et manageriale de nos dirigeants d'entreprises ( à quelques exceptions près). D'ailleurs, dès qu'elle est réellement en cause, les actionnaires sont les tout premiers à la sanctionner !
> leur image est très fortement liée à celle de leur entreprise ou plutôt des entreprises en France et donc aussi du "système" ; quand on reproche à un dirigeant de licencier alors que sa société fait d'énormes bénéfices, on ne sait plus très bien sur quel registre on est : l'entreprise elle-même? le dirigeant ? le système ? la responsabilité sociale? le capitalisme ?
> l'aspect "rémunérations" (et tout ce qui l'accompagne) est évidemment aujourd'hui le plus visible et le plus complexe. Or, ici, l'argumentaire est difficile :
• personne ne peut nier que les sommets actuels (toute formes de rémunérations confondues) témoignent d'écarts par rapport aux salaires moyens dans chaque entreprise sans commune mesure avec ce qui se pratiquait il y a vingt ou trente ans. Au point que des affaires type Zacharias aboutissent aux tribunaux. Et il est un peu rapide de dire que ceux dont on parle ne sont que de rares exceptions !
• l'affaire se complique quand tout le monde admet que la croissance et l'emploi viennent surtout aujourd'hui des PME ; or, si la dimension de leur responsabilité financière est infiniment moindre, il est clair que ces patrons là ont infiniment plus d'insomnies de fin de mois que les patrons du CAC 40 ! Et ils sont les premiers choqués, instaurant une cassure forte à l'intérieur même de l'univers des chefs d'entreprise !
• l'argument bateau style "si on ne les rémunère pas suffisamment, on ne trouvera pas les meilleurs ou bien ils partiront à l'étranger" ne convainct personne. Et on a chaque jour la preuve que , finalement, le goût du pouvoir et du prestige social sont des arguments au moins aussi puissants !
Dès lors, par quel bout prendre les choses ? Car, c'est clair, notre pays a besoin de chefs d'entreprise respectés et admirés. Alors, souhaitons pleine réussite à notre "grand communicant" Maurice Lévy pour relever ce défi ! Et il est bien placé pour se souvenir du grand principe de Marcel Bleustein-Blanchet : on ne fait de la bonne pub qu'avec un bon produit !
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