La "crise" Société Générale a coûté 5 milliards à la société et à ses actionnaires ; tout le monde (moi le premier !) s'est "étonné" de l'insuffisance des contrôles et ... de nombreuses "têtes" sont tombées : celle du Président Daniel Bouton a été tout juste épargnée ; le plus gros de l'état-major et des responsables hiérarchiques a été changé etc etc.Et voilà que, semaine après semaine, les incidents de sécurité se multiplient dans le périmètre nucléaire du Tricastin ; on a beau nous dire, à chaque fois, que ce n'est que du risque 1 sur une échelle de 7... C'est quand-même, à chaque fois, des villages qui sont menacés, des personnes qu'il faut "nettoyer" etc etc Et tout cela, même au seul niveau 1 de la fameuse échelle mais avec incidents à répétition, me paraît infiniment plus grave et inquiétant que les 5 milliards perdus par la Société Générale. Or, autour de tout cela, on a entendu que le Directeur de la filiale concernée d'Areva a été muté, que Monsieur Borloo a réclamé une enquête dans toutes les centrales nucléaires et .... quoi d'autre ? Madame Lauvergeon est en tout cas bien silencieuse à part un rapide déplacement sur place ! Il est vrai qu' AREVA et EDF (on ne sait plus très bien non plus de quelle société il s'agit !) sont depuis longtemps devenus des maîtres dans l'art de communiquer...
J'ai beau être un partisan du nucléaire, tout cela sonne un peu mal ! Pourquoi une telle différence de traitement médiatique et d'opinion ? Oui, pourquoi ?
Mon interprétation : dans les deux cas, la politique s'en est mêlée ...mais dans deux sens différents ! Pour la Société Générale, le Président de la République lui-même a demandé la démission de Daniel Bouton (certains le lui ont même reproché...) et on murmure que notre Président , justement, n'avait pas grands atomes crochus avec M. Bouton.
Pour le nucléaire, c'est l'opposé : notre Président aurait aimé faire de Mme Lauvergeon une Ministre importante de son premier Gouvernement ; de plus, la vente de notre nucléaire à l'étranger (en Chine, au Moyen-Orient, en Angleterre etc etc) est devenue le cheval de bataille-vedette de notre politique industrielle. Alors... pas de vague, pas de déstabilisation du nucléaire français et donc de sa Présidente ou de son état-major ; pas de question concernant le boulot de l'ISRN...jouons l'oubli de l'été ! Et, surtout, que personne ne parle de risque (même s'il est plutôt bien maîtrisé), de contrôles insuffisants, de responsabilités que des dirigeants d'entreprises (publiques en plus !) doivent assumer !
Gare aux manques de contrôles des traders mais ... silence sur les lacunes des contrôles nucléaires.
Les spécialistes de la communication de crise le savaient bien : la dimension politique est nécessairement au coeur de l'analyse ; et, plus cette dimension est prise en compte bien en amont, plus la "crise" se passera aisément ! Qu'importe de savoir si notre vraie sécurité vaut plus ou moins de 5 milliards !
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