Je suis un partisan convaincu de l'entreprise ; j'ai beaucoup oeuvré dans ce sens quand j'étais journaliste; et j'ai ensuite créé et développé ma propre entreprise. Et pourtant, l'écoutant ce matin sur France Inter, Laurence Parisot m'a choqué !
D'emblée interrogée sur les "parachutes en or", elle s'est lancée dans un discours fabriqué, sans nuance et bien connu sur la performance, sur la nécesssité de créer des richesses etc etc. Elle s'est même mis à comparer les patrons aux joueurs de foot grassement payés , oubliant au passage que ces derniers sortent du jeu à 35 ans maxi et que nombre de PDG touchent des "parachutes" même lorsque leurs fameuses performances sont parfois difficiles à cerner ! Et dire que les PDG ont des responsabilités énormes, c'est vrai ; mais je connais bien plus de patrons petits et moyens qui ont des vraies insomnies pour leurs échéances de fins de mois , pour ne pas parler de tous ceux qui ont la toute aussi énorme responsabilité de faire manger leurs enfants à la fin du mois.
Certes, les patrons, si on veut les garder, doivent être bien et même très bien payés ! Et prêtons à l'opinion l'intelligence de savoir que ce n'est pas en les payant moins que l'on pourra mieux payer les autres. Mais le "sans nuance" de Laurence Parisot " (j'avais déjà été gêné par les papiers récents du MEDEF sur le sujet) semble oublier que les réactions tiennent à une notion non chiffrable d'"éthique", de sens profond des inégalités. D'autant que le public sait bien quelquepart que, au-delà des chiffres, les "avantages annexes" sont innombrables (retraites, chauffeur etc etc ). Et que parler du "risque" encourru par le PDG (en dehors de ses responsabilités légales normales), objectivement, je ne vois pas : quand il intègre un nouveau job mieux payé et avec parachute... où est son risque de " séparation" et en quoi diffère-t-il de ses autres collaborateurs ?
Je sais bien que le problème est complexe à résoudre. Mais les propos tenus ne vont pas dans le sens de la réconciliation des Français avec l'entreprise. Et là, c'est vraiment de la communication ! Le comble, c'est que Laurence Parisot est mieux placé que quiconque pour connaître l'opinion et qu'elle dispose des soit-disant meilleurs conseillers en communication de Paris qui, c'est vrai, ont tous les grands patrons pour clients !
Heureusement, il existe d'autres syndicats d'employeurs (CGPME, UPA) que le MEDEF.
Malheureusement, personne n'en a jamais entendu parler (à part la pub en ce moment sur canal à 20h) et tout le monde s'en fout. Dommage, ils sont moins "violents" et plus concernés par les petites entreprises. Un responsable de l'UPA n'aurait jamais pu défendre des pratiques type golden parachute : vous connaissez beaucoup de fleuristes ou de boulangers qui ont ce genre de rémunération ? Bref toujours le même souci : Paris / province, CAC40 / PME, Minorité (mal)agissante / Majorité silencieuse.
Rédigé par : Fañch | 05 février 2007 à 18:13